Journée informelle du LLCP. L’excès du matérialisme dualiste 16.04.2015

Journée informelle du LLCP
« L’excès du matérialisme dualiste »
16 avril 2015

 

Aurore Jacquard

L’excès du matérialisme dualiste.

Je partirai probablement du texte que Bataille a publié dans la revue Documents « Le bas matérialisme et la gnose » pour montrer les problèmes posés par ce « matérialisme dualiste » (Denis Hollier) dès lors qu’il se déplace dans la réflexion politique. La manière dont le thème du « renversement » qu’on trouvait dans les écrits du jeune Marx se trouve reformulé, transposé par ce bas matérialisme (Macherey). Et puis, j’aborderai peut-aêtre la critique que Benjamin fait au Collège de sociologie, à savoir de penser la politique en des termes mystiques.

 

Mazarine Pingeot

La narration performative.

 

Katharina Van Dyk

Performer la déliaison dans les danses d’Isadora Duncan (entre 1904 et 1927).

Quel sens la danseuse (ayant lu Nietzsche) donne-t-elle au concept nietzschéen d’Entfesselung ? Faut-il y voir une usurpation propice à tous les contresens ou au contraire un concept opérateur de création chorégraphique ? Dans le second cas, comment ce détournement fait-il retour vers la philosophie ? Au-delà des stratégies de légitimation de la pratique de danse au rang d’un art tout aussi "sérieux" que la peinture ou la musique après son éviction systématique de l’Esthétique depuis le XVIIIe siècle, et qui pourraient à elles seules expliquer le recours à l’autorité nietzschéenne par la danseuse initiatrice de la modernité chorégraphique, quelle intelligence de ce concept se dessine en acte dans sa gestuelle ? Enfin, en quoi est-il impossible de réduire cette conversion du concept au geste en un simple geste de dépense (pour reprendre un concept cher à Valéry), ou de vaine et passagère agitation, mais faut-il y voir, éminemment, un geste politique ? A quelle rationalité et quelle lutte correspond le geste pantomimique du "dé-chaînement" chez Duncan (aussi nommé "breaking free" par la transmission) ? A quelle polysémie renvoie ce même geste dans trois de ses danses, Les Furies (1911), La Marseillaise (1916) et La Marche Slave (vers 1920) ? Si la poétique de ce geste demeure assez claire, quelles ambiguïtés se dessinent au cœur de la réception, dans ce triple contexte (à la veille et pendant la Seconde Guerre, puis au lendemain de la Révolution Russe) ? Plus largement, qu’est-ce qui se déchaîne ou éclate quand Duncan, au tournant du XXe siècle, effectue ce geste en scène ?