BADIOU, Alain et Maria KAKOGIANNI, Entretien platonicien, 80 p., Lignes, 2015

 

Entretien platonicien
Alain Badiou, Maria Kakogianni

Un dialogue entre le philosophe platonicien et une jeune docteur en philosophie, où sont abordées les thématiques chères à l’auteur des livres de la série « Circonstances » (Lignes) et d’une nouvelle traduction récente de « La République de Platon » (Fayard). Cet échange fait apparaître une problématique commune, celle de la recherche des « noms » possibles, actuels et futurs, nécessaires à un usage résolument politique de la philosophie.

MARIA Kakogianni – On dit toujours que Platon est un anti­démocrate, eh bien, je pense qu’il est avant tout un anti­libéral. On fait de lui un méta­physicien idéaliste, alors que c’est un très fin stratège. Et qui dit stratège, dit bataille. Il recherche sans arrêt les coordonnées d’un nouveau type de conflit. Comment changer un régime qui fonctionne au « changement » et à la « critique » ; qui fabrique des rebels without a cause pour annuler toute possibilité de révolte logique ?
ALAIN BADIOU – C’est en effet une question importante et difficile. Il y a deux voies, depuis toujours. Celle des principes d’abord, qui permet de « lire » la société au rebours de sa prétention normative. Les sociétés contemporaines ne sont nullement libres, car la « liberté » individuelle qu’elles promeuvent est en réalité la « liberté » de consommer les produits, le plus souvent laids et inutiles, voire nuisibles, dont la production et la circulation enrichissent sans mesure une oligarchie très restreinte. Et cette prétendue « liberté » se paie d’inégalités monstrueuses aggravées par des crises dévastatrices. L’autre voie est la construction d’une force politique apte à tenir pour réel ce que le capitalo-parlementarisme dominant déclare impossible. Il s’agit dans ce cas d’une effectuation des principes, toujours locale, et qui demande une invention toujours renouvelée, pour que les mots d’ordre dont les masses populaires sont saisies soient en quelque sorte dictés par les gens eux-mêmes, dès lors qu’ils sont positivement touchés par les principes communistes.

Écrivain, philosophe, professeur émérite à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, Alain Badiou a notamment publié, chez le même éditeur, De quoi Sarkozy est-il le nom ?, L’Hypothèse communiste et L’Idée du communisme (vol. I et II, avec Slavoj Žižek).

Docteur en philosophie et enseignante vacataire à l’université Paris-8, Maria Kakogianni a publié De la victimisation (L’Harmattan, 2012). Elle a également contribué à l’édition de l’ouvrage Le Symptôma grec (Lignes, 2014).

  • Nombre de pages : 80 pages
  • Date de parution : 20 février 2015
  • ISBN : 978-2-35526-140-4
  • EAN : 9782355261404

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