Les articles qui composent ce numéro mettent en évidence la cohérence philosophique de l’œuvre de Günther Anders, cohérence associée à une vive critique de toute pensée systématique.
Il importe que la philosophie se confronte aux questions contemporaines les plus urgentes, qu’elle devienne une réflexion attentive à la concrétude des choses du monde, en particulier celle des corps et des besoins humains, une « philosophie de l’occasion » aiguillonnée par la rencontre de situations sociales et historiques. Y parvenir exige de faire appel à une expression philosophique renouvelée, à des modalités d’écriture diverses sans hésiter à s’écarter d’une voie étroitement académique : la philosophie d’Anders s’expose dans des oeuvres théoriques autant que littéraires, y compris autobiographiques.
Le concept d’obsolescence – celle de l’homme, de la technique, de l’histoire elle-même – pourrait conduire à une attente aussi indolente que désespérée de nouvelles catastrophes annoncées. Ce serait sans compter avec les implications et finalités politiques de cette philosophie qui ne perd jamais de vue la nécessité de résister et d’agir.