Rencontre. Anne Alombert. Schyzophrénie numérique 12.04.2024
Rencontre
Le vendredi 12 avril 2024 à 19h
Librairie-Éditions Météores
207 rue Blaes, 1000 Bruxelles. Belgique
Anne Alombert, Schyzophrénie numérique (Allia, 2023)
et Salomé Frémineur comme discutante
“Qu’elles soient imprimées, photographiques, cinématographiques, télévisuelles ou numériques, les technologies de l’esprit risquent toujours de devenir des technologies persuasives : en tant que conditions matérielles de la pensée, elles peuvent aussi se transformer en instruments de domination et de manipulation. Un psycho-pouvoir tend alors à s’exercer, qui décide des symboles diffusés et qui, plus profondément, canalise les attentions, les désirs et les motivations au point de conduire aujourd’hui à une industrialisation des esprits.”
Depuis l’émergence de l’informatique et de la cybernétique à la fin des années 50, jusqu’aux smartphones et autres objets connectés qui caractérisent aujourd’hui nos sociétés, les technologies numériques ont désormais envahi toutes les sphères de l’existence.
Nous n’avons pas encore pris la pleine mesure d’un tel bouleversement. À l’inverse, le modèle industriel de la Silicon Valley s’est imposé, à travers des dispositifs que leurs créateurs eux-mêmes ne semblent plus maîtriser. Alors que les discours transhumanistes ne jurent que par les progrès exponentiels des “machines intelligentes” ou de la “réalité virtuelle”, on ne compte plus les études scientifiques décrivant la nocivité des écrans ou les dangers des réseaux sociaux. Les dispositifs numériques fondés sur la collecte massive de données et la captation des attentions des usagers ont aujourd’hui donné lieu à toutes sortes de psychopathologies qui semblent menacer les facultés de pensée. Et si le mythe d’une intelligence artificielle réalisée par la révolution numérique servait tout simplement à dissimuler ses conséquences désastreuses ? Comment sortir de cette schizophrénie numérique ?
S’il est aujourd’hui urgent d’abandonner la métaphysique transhumaniste qui identifie le cerveau à l’ordinateur et assimile l’esprit à un traitement de données, il ne peut s’agir pour autant de retomber dans une opposition classique entre l’humain et la machine. Bien au contraire : nos esprits ne sont pas dans nos têtes ou dans nos neurones, ils circulent entre les individus et les générations, à travers des milieux toujours à la fois techniques, symboliques et sociaux. D’où l’importance de prendre soin de nos milieux numériques et de ne pas laisser une poignée d’acteurs hégémoniques et privatisés s’en emparer. D’où la nécessité, autrement dit, de faire du numérique une question politique et de transformer les technologies qui contrôlent nos cerveaux connectés, en des technologies réflexives et contributives, susceptibles de faire communiquer nos esprits.
Depuis l’émergence de l’informatique et de la cybernétique à la fin des années 50, jusqu’aux smartphones et autres objets connectés qui caractérisent aujourd’hui nos sociétés, les technologies numériques ont désormais envahi toutes les sphères de l’existence.
Nous n’avons pas encore pris la pleine mesure d’un tel bouleversement. À l’inverse, le modèle industriel de la Silicon Valley s’est imposé, à travers des dispositifs que leurs créateurs eux-mêmes ne semblent plus maîtriser. Alors que les discours transhumanistes ne jurent que par les progrès exponentiels des “machines intelligentes” ou de la “réalité virtuelle”, on ne compte plus les études scientifiques décrivant la nocivité des écrans ou les dangers des réseaux sociaux. Les dispositifs numériques fondés sur la collecte massive de données et la captation des attentions des usagers ont aujourd’hui donné lieu à toutes sortes de psychopathologies qui semblent menacer les facultés de pensée. Et si le mythe d’une intelligence artificielle réalisée par la révolution numérique servait tout simplement à dissimuler ses conséquences désastreuses ? Comment sortir de cette schizophrénie numérique ?
S’il est aujourd’hui urgent d’abandonner la métaphysique transhumaniste qui identifie le cerveau à l’ordinateur et assimile l’esprit à un traitement de données, il ne peut s’agir pour autant de retomber dans une opposition classique entre l’humain et la machine. Bien au contraire : nos esprits ne sont pas dans nos têtes ou dans nos neurones, ils circulent entre les individus et les générations, à travers des milieux toujours à la fois techniques, symboliques et sociaux. D’où l’importance de prendre soin de nos milieux numériques et de ne pas laisser une poignée d’acteurs hégémoniques et privatisés s’en emparer. D’où la nécessité, autrement dit, de faire du numérique une question politique et de transformer les technologies qui contrôlent nos cerveaux connectés, en des technologies réflexives et contributives, susceptibles de faire communiquer nos esprits.
Anne Alombert est agrégée de philosophie, enseignante-chercheuse en philosophie contemporaine à l’Université Paris 8 et membre du Conseil National du Numérique. Ses recherches portent sur les rapports entre savoirs et technique dans l’histoire de la philosophie, notamment dans les travaux de Gilbert Simondon, Jacques Derrida et Bernard Stiegler, ainsi que sur les enjeux anthropologiques, épistémiques et politiques des transformations technologiques contemporaines.
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