Genre, violences, mémoires. Perspectives féministes latino-américaines, Cahiers du CEDREF n° 25, 2024

Cahiers du CEDREF | n° 25, 2024
Genre, violences, mémoires. Perspectives féministes latino-américaines
Sous la direction de Andrea Barrera Téllez, Jules Falquet, Rosa Muriel Mestanza et Belén Rojas Silva

 

Cette nouvelle livraison des Cahiers du CEDREF est le fruit des interventions et des échanges qui se sont déroulés dans le cadre du colloque international « Genre, violences, mémoires et (dé)colonialité : perspectives féministes latino-américaines » qui s’est tenu les 21 et 22 novembre 2019 à l’Université de Paris, à l’initiative d’un groupe hétérogène d’étudiantes et de chercheuses, soutenu par le CEDREF, la Cité du Genre (Appel à projets scientifiques), le GIS Genre (Projet Échos décoloniaux d’Abya Yala), l’Université Sorbonne Paris Cité et l’Université de Tours.
Ce colloque portait sur l’une des dimensions les plus centrales du processus colonial qui a créé l’Amérique latine et les Caraïbes que nous connaissons aujourd’hui : la violence. Une violence déployée de façon multiforme par un ensemble d’acteurs et d’institutions, et qui forme un véritable continuum : de violences racistes, patriarcales et de classe, de violences physiques, sexuelles et psychiques, de brutalisation culturelle, spirituelle et matérielle, d’agressions contre les biens, les territoires, les êtres humains et non humains. Cette violence forme aussi un continuum dans le temps, depuis la période coloniale jusqu’à la recolonisation néolibérale, en passant par l’indépendance, la modernisation, la période développementiste, les coups d’État, les dictatures, les invasions et les guerres internes. Face à cette violence omniprésente dans le temps et dans l’espace, l’un des principaux enseignements que nous proposent les sujettes subalternisées du continent est que pour résister à la violence, y survivre, la dépasser et qui sait, la transformer en autre chose et la transcender, la construction de mémoire constitue l’une des stratégies centrales. Une stratégie appliquée depuis plus de cinq cents ans, individuellement et surtout collectivement.
C’est donc bien autour de la mémoire que nous avons choisi de nous interroger ensemble. Et plus précisément, des mémoires (en construction), car comme l’a souligné la sociologue argentine Elizabeth Jelin, parler des mémoires au pluriel permet de penser les processus à travers lesquels celles-ci sont construites, ainsi que les controverses sociales qui les façonnent, leur (il)légitimité sociale et leur prétention à la « vérité », voire à l’universalité pour devenir la mémoire. Pour elle, la catégorie mémoire(s) peut être travaillée de deux manières : « comme un outil théorico-méthodologique, à partir des conceptualisations depuis diverses disciplines et aires de travail, ou comme une catégorie sociale à laquelle se réfèrent les acteurs sociaux (ou qu’ils oublient), ses usages (abus, absence) sociaux et politiques, ainsi que les conceptualisations et les croyances du sens commun » (Jelin, 2001, p. 1). De fait, nous avons particulièrement travaillé sur les enjeux et défis de la construction des mémoires comme questionnement des récits hégémoniques par des groupes opprimés. Il s’agissait aussi de comprendre ce que construire des mémoires veut dire à travers le prisme de la résilience et de la (re)construction du tissu social, grâce aux luttes collectives, à la suite d’événements de violence ayant profondément marqué le corps social.

 

Sommaire

  • Andrea Barrera Téllez, Jules Falquet, Rosa Muriel Mestanza et Belén Rojas Silva
    Introduction
  • Belén Rojas Silva
    Entretiens de femmes dans l’Archive orale de l’AExPPChF : Une approche à travers l’articulation de la mémoire et du genre
  • Gisele Anahí Amaya Dal Bó
    Mémoire et critique. Considérations sur les mémoires après la dernière dictature argentine
  • Andrea Barrera Téllez et Rosa Muriel Mestanza
    Notre mémoire regorge d’insurrection. Un féminisme noir afrocolombien
    Entretien avec Betty Ruth Lozano
  • Carmen Cariño Trujillo
    Tisser nos mémoires : D’autres modalités de justice face au système mortifère
    À la suite de l’assassinat de Bety Cariño, l’expérience de la construction d’une mémoire et d’une guérison collective
  • Daniela Catrileo Cordero
    La question mapuche féministe : Expériences collectives, rencontres et tensions
  • Andrea Barrera Téllez
    Mémoires insurgées de la violence politique en Colombie : Les récits autobiographiques des expériences d’ex-combattantes
  • Tauana Olívia Gomes Silva
    Femmes noires brésiliennes en exil (1960-1980)

Varia

  • Zahia Ouadah-Bedidi et Christelle Hamel
    Subir des violences pendant le cursus universitaire. Résultats de l’enquête Virage-Université à Paris Diderot – IPGP
 

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