Appel à communications. Terrains et perspectives de recherches en contexte de crise en Haïti. 5-7.05.2025
Appel à communications
Colloque des doctorant.e.s et chercheur.e,s
Terrains et perspectives de recherches en contexte de crise en Haïti
Prolongement de la date
Dates limites pour soumettre vos propositions
15 avril 2025
Partenaires : FOKAL, FAR (UEH), Ambassade de France en Haïti
Comité organisateur :
- Ketleine Charles, doctorante en cotutelle à l’Université d’État d’Haïti (UEH) et à l’Université Laval
- Marie-Claire Reid, doctorante en cotutelle à l’Université d’État d’Haïti (UEH) et à l’Université Laval
- Emmanuel Milord, doctorant en cotutelle à l’Université d’État d’Haïti (UEH) et à l’École des Hautes Études en Sciences sociales (EHESS)
Comité scientifique :
- Jhon Picard Byron, FE
- Marc-Félix Civil, FMP
- Edelyn Dorismond, CHCL
- Jean Waddimir Gustinvil, ENS
- Lukinson Jean, CHCL
- Odenel Pierre-Louis. ENS & FE
- Laënnec Hurbon, UEH & CNRS
- Jean Alix René, UEH
Dates du colloque : 5-7 Mai 2025
Format hybride : Présentiel (site à communiquer) et distantiel (Via zoom ou Team)
Thématiques du colloque
Le colloque portant sur les terrains et perspectives de recherches en contexte de crise en Haïti est conjointement planifié entre les doctorant.e.s et le conseil exécutif du LADIREP. Il a pour objectif principal d’offrir un espace d’échanges et de discussions entre les chercheur.e.s expérimenté.e.s et les doctorant.es autour des enjeux de recherches et de production de savoirs en contexte haïtien.
Haïti vit une crise structurelle profonde depuis plusieurs décennies. Les dysfonctionnements y relatifs s’accompagnent d’instabilité politique, de violences multiformes et plus récemment de la « banditisation » impactant ainsi le fonctionnement des activités politiques, économiques, sociales et culturelles. En travaillant en Haïti, le chercheur ou la chercheure se retrouve dans sur un terrain sensible qui peut par moment être dangereux. « Entendons par terrain sensible, précise Abdelmajid Arrif, un terrain qui exige une vigilance constante pour repérer et éviter les pièges qui parcourent le cheminement de l’enquête(ur). » (Arrif, 2001, p.29). Le terrain peut aussi être sources de menaces pour la vie du chercheur ou de la chercheure sur place où les espaces de recherches ne sont pas à l’abri et peuvent faire l’objet des agissements des bandits.
Dans un même temps, on constate une carence de réflexion et de recherches scientifiques sur des sujets d’intérêt général et des enjeux locaux tels que : les déplacements forcés de la population, les violences excessives et genrées, les mécanismes de fonctionnement et de reproduction des gangs armés et les politiques internationales vis-à-vis d’Haïti qui exigent des analyses scientifiques. Aussi, le contexte socioculturel requiert le développement des outils conceptuels et d’analyse adaptés afin de rompre avec les conceptualisations téléologiques modernistes occidentales qui sont incapables de traduire l’expérience d’oppression et les formes de résistance de la société haïtienne. Dans un tel contexte, par quel mécanisme le chercheur ou la chercheure en Haïti arrive-t-il-elle à produire des connaissances ? Où se situe le positionnement du chercheur ou de la chercheure par rapport à ses propres vécus ? Existe-t-il des limites de sécurité que se fixe le chercheur ? Quels sont les pièges auxquels il/elle fait face ? Quelles perspectives de recherche faut-il envisager pour résister à ses formes d’injustices systémiques et épistémiques ?
Au regard de ces interrogations, ce colloque est conçu autour de quatre principaux axes :
Axe 1 : Diversité et croisement des savoirs dans les recherches participatives.
Au cours de ces dernières décennies grâce à l’émergence de l’épistémologie sociale, les perspectives de recherches notamment en sciences humaines et sociales ont accordé une place importante à la dimension sociale de la connaissance. Celle-ci valorise autant le savoir expérientiel, la diversité culturelle, le croisement des savoirs tout en encourageant la participation de la communauté en vue d’une science ouverte et accessible à tous et à toutes. Cet axe invite les chercheur.e.s en herbe et expérimenté.e.s à proposer leur contribution sur une variété de sujets en lien à la recherche participative et inclusive : les perspectives de recherche en genre, la valorisation des savoirs locaux dans une logique interdisciplinaire et intersectionnelle.
Axe 2 : Compréhension du phénomène d’insécurité et ses implications multiples.
Dans le cadre de ce colloque, l’insécurité peut être abordée sous de multiples facettes. Elle implique des situations diverses de vulnérabilité vis-à-vis des dangers physiques, politiques, économiques, sociaux et affectifs. A l’heure actuelle, elle touche notamment les défis liés à la gangstérisation, aux dynamiques des conflits mondiaux, régionaux et des guerres civiles.
On accueille des propositions qui aident à cerner la situation d’insécurité qui gangrène les départements de l’Ouest, de l’Artibonite et d’autres régions en Haïti. Des analyses comparatives entre la réalité locale et celle d’autres contrées du monde, seront aussi accueillies pour dégager des compréhensions éclairantes du phénomène. Les diverses implications de celui-ci sur la vie quotidienne et la réalité des individus, des familles, des groupes, des communautés, des entreprises économiques sont des aspects importants à cerner.
Axe 3 : Terrain de recherche et la crise politique haïtienne.
De 1986 à nos jours, la réalité politique en Haïti est saccagée par une succession de crises qui n’ont abouti à aucune issue transformatrice. L’économiste Frédéric Gérald Chéry ( 2025), parlant de « crise permanente », montre que les causes sont beaucoup plus profondes que les passions politiques qui animent les acteurs de la longue période dite de transition démocratique. De nos jours, elle atteint une dimension inquiétante qui fragilise les terrains de recherche. La cueillette de données et d’informations dans divers domaines sociologiques, anthropologiques, psychologiques, notamment, requiert la construction de nouveaux outils et une inventivité notable. Des réflexions autour de ces défis épistémologiques sont très prometteurs dans le cadre de la production de savoir. Des contributions sur la complexité du terrain de recherche, en ces temps de crise, seront d’une richesse appréciable.
Axe 4 : Terrain de recherche et enjeux culturels.
Jean Marie Théodat (2013) dans son article « Port-au-Prince en sept lieux écrit » : ’’ La capitale [ haïtienne] est le reflet de cette déconstruction systématique de l’État ’’ (p.149). Capitale chaotique, Port-au-Prince est aussi une ville avec des quartiers aux identités propres. C’est aussi la ville de la création artistique riche et féconde avec une diversité des modes d’expressions artistiques ( danse, théatre, arts plastiques, cinéma). Capitale bousculée, ces dernières années ont été marquées par des violences des gangs et des déplacements de populations et notamment des déplacements d’artistes-peintres, de sculteurs, de plasticiens ( dans les zones comme les artisans de la Croix-des-Bouquets ou encore les peintres du Bel Air). La production culturelle est au ralenti voire à l’arrêt ( Village de Noailles). Comment continuer à produire des oeuvres artistiques dans ce contexte actuel ? Comment mener des recherches de terrain afin de les étudier et de les préserver ? Faut-il mettre en place des mesures pour protéger la création artistique ?
Nous invitons les chercheurs, les artistes-chercheurs à faire des propositions sur les enjeux culturels auxquels ils sont confrontés et à partager leurs expériences de terrain de recherche avec nous.
Axe 5 : Terrain de recherche et épistémologie de résistance en contexte haïtien
Terme cher à Medina (2013), « l’épistémologie de résistance » est particulièrement développée par des épistémologues des théories déocoloniales et postcoloniales, des critiques féministes et des théoriciens et théoriciennes critiques de la “race”. Il invite à garder une distance vis-à-vis de la tradition critique « occidentalo-centriste » et à assumer notre propre époque avec ses propres problèmes, pour lesquels les solutions modernes proposées par les théories critiques occidentales ne sont plus utiles de manière conditionnelle. Au contraire, il encourage à se rapprocher des versions « subalternisées » de « soi » émiettées par les différentes formes de violences (de « classe », de « race » et de « genre ») qui sont très souvent réduites au silence par la modernité et la rationalité occidentales (Santos 2011).
Cet axe est une invitation à la rupture conceptuelle et au développement des outils locaux capables de théoriser les expériences de violence et d’oppression épistémique qui sont propres au contexte local.
Objectifs du colloque :
– Offrir un espace d’échanges et de réflexion autour des enjeux de recherche et de production de savoirs en contexte haïtien
– Identifier des outils innovants à mobiliser pour appréhender les situations complexes
– Encourager le développement
Pour proposer une communication :
Les doctorant.e.s et chercheur.e.s intéressé.e.s peuvent soumettre leur proposition de communication par courriel d’ici le 31 mars 2025 à l’adresse suivante : appel.ladirep.2025@gmail.com.
Les propositions de communication doivent être en rapport avec l’un des cinq (5) axes du colloque et doivent mentionner :
– Un titre
– Un résumé de 300 mots
– Format .doc ou .docx
Lors de l’envoi du courriel, il faudra également mentionner :
– Votre nom
– Votre université de rattachement
– Votre programme d’étude
Bibliographie
- Chenet, Jean-Baptiste, 2011. « Mouvements populaires et partis politiques (1986-1996) : la restructuration manquée de l’ordre politique agonisant ». Thèse de doctorat en science politique, Université Paris III.
- Chéry, Frédéric-Gérald, 2025. Société, Économie Politique en Haïti : la crise permanente. Port-au-Prince, Éditions des Antilles.
- Ce ?lius, Carlo Avierl, 2007. Langage Plastique et E ?nonciation Identitaire : L’invention de L’art Hai ?tien. Que ?bec, Presses de l’Universite ? Laval.
- Ce ?lius, Carlo Avierl, 2015. « Quelques Aspects de La Nouvelle Sce ?ne Artistique d’Hai ?ti. » Gradhiva 21(1):104.
- Célius, Carlo Avierl, 2020. « L’avènement de L’art Naïf En Haïti. La Portée Instauratrice d’Un Jugement Esthétique. » RACAR : Revue d’Art Canadienne, 29(1-2):47–64. doi : 10.7202/1069677ar.
- Hurbon, Laennec, 1987. Comprendre Haïti. Essai sur l’État, la nation, la culture. Paris, Les Éditions Karthala.
- Kidd, Ian James, et Medina, José (eds.), 2017. The Routledge Handbook of Epistemic Injustice. New York, Routledge.
- Medina, José, 2013. The Epistemology of Resistance : Gender and Race Oppression, Epistemic injustice, and Resistant imaginations. New York, Oxford University Press.
- Piron, Florence, 2017. « Médiation haïtienne : répondre à la violence séparatrice de l’épistémologie positiviste par l’épistémologie du lien », Sociologie et Sociétés, 49 (1) : 33-60, URI : http://id.erudit.org/erudit/1042805ar et DOI : 10.7202/104280ar.
- Romulus,Cécilia, 2018. « Le potentiel d’une recherche féministe décoloniale pour déconstruire le récit de l’État fragile haïtien » dans Sabine Lamour, Denyse Côté et Darline Alexis, Déjouer le silence. Contre-discours sur les femmes haïtiennes. Montréal, Les éditions du Remue-ménage/ Mémoire d’encrier/ PressuniQ :35-51.
- Santos de Sousa, Boaventura, 2011. « Épistémologies du Sud », Études rurales, vol. 187, n° 1, p. 21-49.
- Théodat, Jean-Marie, 2013. « Port-au-Prince en sept lieues », Outre-Terre, n° 35-36(1), 123-150. https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.3917/oute.035.0123.