Appel à communications. Colloque International. Georges Canguilhem et l’écologie. Trajectoires de lecture et usages pour le présent 3-4-5.12.2024
Appel à communications
Colloque International
Georges Canguilhem et l’écologie
Trajectoires de lecture et usages pour le présent
3-4-5 Décembre 2024
Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis
Organisé par Andrea Angelini (Université Paris 8, LLCP) et Ferhat Taylan (Université Bordeaux Montaigne, SPH)
Présentation
Si les mouvements environnementalistes des années 1960-70 ont pu susciter une certaine méfiance chez Canguilhem, et si l’écologie scientifique a joué un rôle plutôt marginal dans son œuvre, il a aussi affirmé, dans un entretien de 1995, quelques dizaines de jours avant sa mort, qu’il était indécis, au moment d’entreprendre ses études de doctorat, entre la médecine et la « géographie agricole », c’est-à-dire « ce qui finalement s’appelle maintenant l’écologie ». Cette indication conduit ainsi à s’interroger sur les relations avec l’écologie repérables dans l’ensemble des savoirs mobilisés par Canguilhem, allant de la géographie humaine à la santé environnementale, en passant par l’ergonomie ou l’agronomie. Sous le label assez large de « l’écologie », il s’agit en effet d’examiner l’attention portée par Canguilhem à l’interdépendance entre la société et l’environnement, le vivant et son milieu, le social et le biologique, les techniques et le corps, la santé et les conditions de vie.
À partir d’une recognition des implications écologiques de la réflexion de Canguilhem, ce colloque se propose aussi de prendre appui sur ses contributions théoriques pour explorer l’histoire de l’écologie, jusqu’aux débats scientifiques et politiques plus récents. On peut ainsi distinguer différents axes d’interrogation concernant l’analyse, l’usage et la problématisation de la philosophie de Canguilhem face à l’écologie :
1. L’épistémologie historique et l’écologie. L’épistémologie historique – dans la pluralité de ses approches méthodologiques et de ses styles d’analyse – a connu plusieurs applications dans différents domaines scientifiques : la physique-mathématique et la chimie, la biologie et la médecine, les sciences humaines et les sciences sociales, etc. Nous nous proposons d’évaluer la pertinence de l’approche épistémologico- historique de Canguilhem afin d’interroger l’histoire et le statut scientifique de l’écologie et de ses concepts, en se concentrant sur les difficultés posées par son caractère fortement transdisciplinaire et par ses conditions socio-politiques de constitution et d’exercice.
2. Théorie de l’organisme et réflexion écologique. A partir de l’approche biogéographique du vivant proposée par Canguilhem tout au long de son œuvre, nous souhaiterions aborder les enjeux actuels de la théorie de l’organisme et ses relations – pas toujours faciles – avec les théories de l’évolution : des risques de dérives génocentriques du néodarwinisme au pluralisme évolutif, l’approche eco-evo-devo, jusqu’aux perspectives de l’Extended Evolutionary Synthesis et de l’Organisme-centered evolution. La connaissance de la vie doit donc aujourd’hui se confronter avec des nouvelles conceptions autour du statut de l’organisme et de l’individualité dans les processus évolutifs tout comme dans les relations écologiques.
3. Connaître et gouverner les vivants et leurs milieux. Canguilhem aborde et travaille la notion de milieu à travers différentes matrices disciplinaires : biologie, géographie, mésologie, psychologie, médecine, éthologie, technologie, anthropologie, sociologie. Ses réflexions concernent également les rationalités gouvernementales qui prennent en charge les différentes relations entre l’organisme, la société et l’environnement, ce qui permet de mobiliser le problème des normes (biologiques et sociales) et la relation entre Canguilhem et Foucault à la lumière d’une enquête sur la corrélation constitutive entre les technologies biopolitiques et le gouvernement des milieux.
4. Santé, société et environnement. Comment les recherches de Canguilhem sur l’histoire et l’épistémologie de la médecine, sur la santé et la normativité des vivants, peuvent interagir avec les développements de la médecine environnementale (One Health Approach, Global Health, santé écosystémique) ? Pour répondre à cette question, nous voudrions examiner les différentes approches autour de l’émergence des formes pathologiques et les différentes manières d’envisager la pluralité de facteurs et de niveaux d’organisation impliqués. De l’organisme aux dynamiques éco-évolutives et sociales, de quelle manière les maladies s’inscrivent dans l’historicité des relations entre les vivants et l’environnement ? Ces interrogations seraient ainsi d’une grande actualité : la multiplication d’agents pathogènes, les facteurs environnementaux de la carcinogenèse, l’augmentation des phénomènes épidémiques et zoonotiques ainsi que leur caractère syndémique, etc.
5. Vie, technique, travail et environnement. La question du rapport de continuité et différence entre normativité technique et normativité vitale, et de la façon dont ce rapport vient à être modifié par la naissance de la technologie moderne, est un problème central dans la philosophie biologique de Canguilhem, qui reprend en ce sens les études de Georges Friedmann sur le machinisme industriel. Cette question pourrait ainsi être actualisée face aux luttes écologiques sur la santé dans le milieu de travail, ou encore face à la relecture de l’impact environnemental du capitalisme industriel dans les débats sur l’Anthropocène.
Les différents aspects de l’œuvre de Canguilhem sont ouverts aussi à des lectures critiques. Loin de vouloir proposer une apologie de l’auteur, avec la prétention de pouvoir trouver dans son œuvre tous les instruments et les réponses pour aborder les enjeux épistémologiques et politiques de l’écologie contemporaine, ce colloque entend aussi évaluer les éventuelles tensions entre sa posture philosophique et d’autres perspectives théoriques concernant l’épistémologie des sciences biologiques et médicales, l’histoire des sciences, l’histoire environnementale etc. D’ailleurs, il pourrait aussi être l’occasion pour envisager d’éventuelles interactions entre l’héritage théorique de Canguilhem et d’autres champs de la réflexion écologico-politique contemporaine : les études postcoloniales, l’éco-marxisme, l’écoféminisme, etc.
Modalités de contribution :
- L’appel à communications s’adresse à toutes et tous les chercheur.e.s doctorales et post-doctorales, ainsi qu’aux enseignent.e.s et chercheur.e.s confirmé.e.s travaillant dans les champs de la philosophie, des sciences humaines et sociales, toute comme des sciences biologiques, médicales, environnementales et de leur histoire.
- La langue principale du colloque et des débats sera le français mais des communications en anglais peuvent également être acceptées.
- Le colloque est prévu en modalité présentielle, sauf pour de rares exceptions. Dans la mesure du possible, les déplacements des intervenant.e.s et leur hébergement à Paris sera pris en charge par les institutions organisatrices du colloque.
- Les propositions de communication, d’une longueur de 500 mots, doivent aussi indiquer un titre, le nom et l’institution de rattachement et une brève indication bio-bibliographique (10 lignes max). Nous vous invitons à soumettre vos propositions de communication avant le 30 mai 2024 à l’adresse suivante : colloquecanguilhem2024@gmail.com
- Le résultat de l’évaluation des propositions sera communiqué avant le 15 juillet 2024.
- Suite au colloque, une partie des communications sera sélectionnée pour la publication des actes.
Le colloque est co-organisé par l’Université de Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, l’LLCP (EA4008) et par l’Unité de recherche SPH (Sciences, Philosophie, Humanités) Université de Bordeaux & Université Bordeaux Montaigne. Il est soutenu par le CAPHÉS (Centre d’Archives en Philosophie, Histoire et Édition des Sciences, UAR3610, CNRS-ENS-PSL).
Organisation :
- Andrea Angelini (Université de Paris 8, LLCP - EA4008)
- Ferhat Taylan (Université de Bordeaux-Montaigne, SPH – UMR[U] 4574)
Comité scientifique :
- Andrea Angelini (Université de Paris 8)
- Ferhat Taylan (Université de Bordeaux-Montaigne)
- Yves Schwartz (Université Aix-Marseille)
- Elena Gagliasso (Università di Roma « La Sapienza », Res Viva - Interuniversity Research Centre for the Epistemology and the History of Life Sciences)
- Ana Soto (Tufts University of Boston, School of Medicine)
- Matteo Mossio (CNRS – IHPST)
- Giuseppe Longo (CNRS – ENS Centre Cavaillès)
Pour toute information : colloquecanguilhem2024@gmail.com