Anna YAMPOLSKAYA

Cycle de conférences
Le Formalisme russe et la phénoménologie

Mme Anna Yampolskaya
Professeure à la MGGU de Moscou
(Université des Sciences Humaines de Russie

 

Le but de ce cours est discuter les liens internes qui existent entre le Formalisme russe et la phénoménologie. Le Formalisme s’est développé dans l’atmosphère intellectuelle très riche de la Russie pré-revolutionnaire, dont la phénoménologie a été une partie intégrante. La parution de la traduction russe du premier volume des Logischen Untersuchungen en 1911 a créé un intérêt général pour les travaux de Husserl parmi les figures majeures de la pensée russe de cette époque ; Léon Chestov et Roman Jakobson en sont les exemples les plus célèbres. La pensée de ce dernier a même été qualifiée par J. Pato ?ka et E. Holenstein de « structuralisme phénoménologique ». À l’inverse, il y a des traces du Formalisme russe chez certains phénoménologues français, comme B. Waldenfels l’a bien montré ; l’approche de Maurice Merleau-Ponty et Marc Richir peut être caractérisée en tant que “phénoménologie structurelle”.

 Le cours se divisera en trois parties. La première sera consacrée à la problématique historique, celle du surgissement du formalisme russe à côté de la phénoménologie russe. Notre fil conducteur sera la discussion autour de l’héritage de Potebnia et surtout la notion fort problématique de la « forme interne du mot ». Dans la deuxième partie du cours, on discutera le parallélisme entre l’expérience phénoménologique et l’expérience esthétique en utilisant le concept de la fonction poétique (R. Jakobson). On clarifiera les liens internes entre la réduction phénoménologique et la défamiliarisation (ostranenie), introduite par V. Chklovski. Dans la dernière partie du cours, on proposera une interprétation « formaliste » de la réduction hyperbolique (Richir), qui peut être envisagée comme la « dénudation d’un procédé » (le concept proposé par B. Tomachevsky). Notre but final sera de voir si le « principe constructif » (Iu. Tynianov) est applicable à la phénoménologie, notamment aux tentatives diverses de « radicaliser Husserl ».

 

Mardi 21 février, 9h-12h, salle A 072 (cours de P. Vauday) : Les sources communes du formalisme et de la phénoménologie russe (Potebnia, Jakobson, Chpet).

Mercredi 22 février, 15h-18h, salle (cours de B. Ogilvie et E. Lecerf) : L’expérience esthétique : l’approche formaliste et l’approche phénoménologique (Chklovsky, Jakobson, Husserl).

Vendredi 24 février, 12h-15h, salle A 072 (cours de Fabienne Brugère) : La réduction phénoménologique comme procédé (Richir, Tomachevsky, Tynianov)

 (Conférences en français, ouvertes à tous les étudiants)