IRRERA, Orazio et VACCARO Salvo (dir.), La pensée politique de Foucault, 248 p., Paris, Kimé, 2017

 La pensée politique de Foucault

sous la direction d’Orazio Irrera et Salvo Vaccaro

Paris, Editions Kimé (coll. "Philosophie en cours"), 2017, p. 248.

 

 

 

Loin d’être considérée comme une simple notion appartenant au vocabulaire de la théorie politique, l’idée foucaldienne de la politique renvoie plutôt à une attitude généalogique fournissant un diagnostic du présent et restituant des relations complexes et contingentes qui nouent des domaines de savoir, des types de normativité et des formes de subjectivité. Par ce biais cette idée touche tout un ensemble de questions qui ont été cruciales pour l’itinéraire intellectuel de Foucault. En premier lieu celles de la gouvernementalité et de la biopolitique, des savoirs et des pouvoirs qui les constituent, des pressions normalisantes avec leurs effets spécifiques d’assujettissement, mais aussi des résistances et des contre-conduites que la gouvernementalité et la biopolitique rencontrent et produisent dans leur exercice. Au cœur de l’idée foucaldienne de la politique on retrouve même la notion de conduite considérée dans sa duplicité constitutive : à la fois manière de conduire les hommes en structurant leur champ d’action éventuel, mais aussi manière de se conduire de la part des hommes conçus comme des sujets libres. Ce qui par ailleurs ne peut pas être disjoint de la question d’une histoire politique de la vérité, ce qui vise à problématiser les manières dont, de l’Antiquité gréco-romaine jusqu’au néolibéralisme de nos jours, les rapports de forces qui traversent les sociétés occidentales se sont historiquement imbriqués avec des régimes de vérité afin de gouverner la vie et l’existence des hommes. Ainsi le domaine de la politique croise également le projet d’une généalogie de l’obligation de dire-vrai sur soi-même, un foyer de réflexion où, dans les années 1980, Foucault a tenté de recadrer nombre de ses analyses, des expertises médico-légales à l’aveu, du souci de soi à la parrêsia. Quoi qu’il en soit, d’après Foucault la politique reste toujours marquée par une conflictualité qui donne lieu à des champs d’agonismes incessants, dans l’immanence desquels cette série souvent dispersée des points de non-acceptation du pouvoir peut aussi se composer politiquement par le biais de formes inédites d’existence qui excédent tout ordre discursif ou normatif et sont en mesure de remettre en question l’évidence et la nécessité du tout pouvoir.

 

 

Table des matières

 

 

Introduction

Orazio IRRERA et Salvo VACCARO – La pensée politique de Foucault

 

 Partie I : Du gouvernement à l’éthique

  • Frédéric Rambeau – La grève de la politique. Foucault et la révolution subjective
  • Judith Revel – Résistance et subjectivation : du « je » au « nous »
  • Daniele Lorenzini – La contre-conduite et l’attitude critique
  • Salvo Vaccaro – De l’éthopoiesis à l’éthopolitique

 

Partie II : l’histoire politique de la vérité

  • Sandro Luce – La doublure di Foucault : la pensée du « dehors » et les pratiques du vrai
  • Laura Cremonesi – Spectator novus : transfiguration et « estrangement » chez Foucault, Hadot et Ginzburg
  • Arianna Sforzini – « Dramatiser » l’écriture. Theatrum politicum
  • Gianvito Brindisi – L’Œdipe roi entre gouvernement, juridiction et véridiction

 

Partie III : La société des normes et l’ordre néolibéral

  • Orazio Irrera – L’idéologie et la préhistoire du dispositif
  • Philippe Sabot – Discipliner et guérir. La « réalité » comme enjeu du pouvoir psychiatrique selon Foucault
  • Guillaume Le Blanc – Le dire vrai comme élément du « bien mourir » ? À propos de la création d’Aides en France »
  • Marco Assennato – Ambiguïté de Foucault
  • Ottavio Marzocca – Foucault et la post-démocratie néolibérale. Au-delà de la « critique inflationniste » de l’État

 

Annexe

Foucault : Matérialité d’un travail. Entretien avec Daniel Defert par Alain Brossat, avec le concours de Philippe Chevallier