BADIOU, Alain, BALIBAR Étienne, DOUZINAS Costas, et al., Le Symptôma grec, 234 p., Lignes, 2014

 

Le symptôma grec
Alain Badiou, Étienne Balibar, Costas Douzinas, Amador Fernández-Savater, Maria Kakogianni, Elsa Papageorgiou, Jacques Rancière, Yannis Stavrakakis, Camille Louis, Bruno Theret, Howard Caygill, Toni Negri, Marie Cuillerai

Du 18 au 20 janvier 2013 s’est tenu à l’université de Paris 8, Saint-Denis le colloque intitulé « Le Symptôma grec », en présence de plusieurs penseurs éminents et d’activistes de plusieurs pays. Cette rencontre publique plaçait les intervenants dans la délicate situation de devoir penser notre temps, aux conditions de la philosophie ou de leurs disciplines universitaires respectives.
Les textes qui composent ce volume correspondent à une partie des interventions prononcées à l’occasion du colloque organisé avec l’université Paris-8 sous le titre « Le Symptôma grec » en janvier2013. Il s’agissait alors de s’efforcer de penser dans et sous condition de la circonstance politique, au plus près de l’actualité, sans disposer de la distance nécessaire et de la prudence qui président habituellement aux manifestations académiques. La rencontre a rassemblé des penseurs européens de plusieurs pays, en majorité des philosophes, des économistes, des historiens et d’autres membres du vaste domaine des humanités – mais aussi des artistes, quelques-uns venant de l’autre côté de la Méditerranée, et en particulier de la Tunisie post-printanière.
L’idée de ce colloque est née dans le contexte d’un début de mobilisation en France et en Europe en solidarité avec le peuple grec. L’appel des intellectuels et artistes européens « Sauvons la Grèce de ses sauveurs » l’avait précédé, ainsi qu’un certain nombre de meetings politiques et d’autres manifestations du même ordre. La question s’est alors posée de savoir s’il serait possible de faire un pas autrement : quand un colloque est censé « penser », et qu’un meeting politique est censé « agir », notre volonté était de tenter de se tenir dans l’entre-deux, de défaire le partage entre le lieu de la théorie et celui de l’action ; faire ce qu’on ne sait pas faire, et par là, laisser la question de ce qu’est « faire » se poser.
Il serait maladroit de prétendre définir ici, en quelques mots, ce que nous entendions sous le nom de « symptôma grec » que nous avons soumis à la réflexion des intervenants. Deux remarques, seulement. L’usage du mot « symptôme » comporte une note ironique qui fait écho à la discursivité dominante d’une politique médicalisée. Il ne s’agissait certes pas de disputer la posture du médecin à nos techniciens experts, ni de prescrire des nouvelles thérapies – « alternatives » – aux maux dont souffrent les peuples européens. En même temps, si l’ironie se réfère à une certaine négativité, l’appel du colloque répondait non seulement à l’urgence de dénoncer une prétendue thérapie – plutôt un traitement de choc ! –, mais aussi à celle d’articuler une autre idée de la « santé ». Ainsi, il ne s’agissait pas seulement de s’indigner, mais de s’exposer au risque des nouvelles positivités. Plus que de faire parler le symptôme, ou de lui faire avouer sa vérité depuis une position extérieure de maîtrise, il aura été question… que le symptôme parle : de l’Europe, des nouveaux mouvements d’émancipation qui se lèvent, de la création artistique, de la monnaie politique, etc.
« Grec » n’est ici qu’un marqueur de la circonstance. Le symptôme ne parle jamais une langue maîtrisée, mais toujours à apprendre. De tout ce qu’on sait de ce monde, dans ce monde, il n’y a crise – non pas leur crise, celle qu’ils nous font subir, mais une crise que nous pouvons subjectiver – que là où quelque chose « troue » le savoir. Là où nos catégories de pensée se suspendent. Là où le geste de l’artiste tremble.

Table des matières :
Maria Kakogianni, Essayer encore. Rater encore. Rater mieux
Étienne Balibar, Comment résoudre l’aporie du « peuple européen » ?
Marie Cuillerai, Maria Kakogianni Bancocratie
Bruno Théret, Pour un fédéralisme monétaire européen
Elsa Papageorgiou, La crise sociale totale et le retour du fascisme
Yannis Stavrakakis, La société de la dette : la Grèce et l’avenir de la post-démocratie
Howard Caygill, Résister à l’escalade : l’image de la villa Amalias
Costas Douzinas, La résistance, la philosophie et la gauche
Antonio Negri, De la fin des gauches nationales aux mouvements subversifs pour l’Europe
Amador Fernández-Savater, Politique littérale et politique littéraire
Maria Kakogianni, Jacques Rancière, Dialogue précaire
Alain Badiou, L’impuissance contemporaine
Camille Louis, Symptôma, suites

  • Éditeur : Éditions Lignes
  • Prix : 17,00 €
  • Format : 13 x 19 cm
  • Nombre de pages : 234 pages
  • Édition courante : 14 novembre 2014
  • ISBN : 978-2-35526-134-3
  • EAN : 9782355261343

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