Colloque international. Mais je vois quelque chose que les autres ne voient pas. Werner Herzog 6-7-8.11.2019
Colloque international – Cinéma & Philosophie
Université Paris 8, 2 rue de la liberté, Saint-Denis. Accès Ligne 13 (Saint-Denis Université)
Goethe-Institut Paris, 17 avenue d’Iéna, Paris. Accès Ligne 9 (Iéna) ou Ligne 6 (Trocadéro)
« Mais je vois quelque chose que les autres ne voient pas »
Werner Herzog
6-7-8 novembre 2019
Organisé par :
Université Paris 8 – LLCP, Artec et Département de philosophie
Goethe-Institut Paris
Université de Liège
Université nouvelle de Lisbonne
L’œuvre de Werner Herzog, dont Gilles Deleuze disait qu’il était « le plus métaphysicien des cinéastes », est caractéristique des formes d’hybridation des genres qu’elle a pu proposer. Au croisement des études de cinéma et de philosophie, ce colloque se donne pour objectif d’engager une réflexion sur les formes de problématisation que cette œuvre a engagé, notamment à travers des mobilisations de l’attention qui, dans leur forme spécifique, contribuent à ressaisir une position critique du sujet.
L’œuvre visuelle et écrite de Werner Herzog est porteuse d’une série de contradictions et de paradoxes que l’auteur n’a cessé de nourrir depuis le début des années 1960. Par exemple, alors que son œuvre dialogue indubitablement avec l’histoire allemande de la représentation (peinture romantique, cinéma de Weimar e.a.), le réalisateur a pourtant contesté cette filiation à plusieurs reprises. De la même façon, Herzog a toujours refusé une approche interprétative et savante de sa production en prônant l’autonomie et l’irréductibilité de son œuvre à d’autres discours que ceux qui relèvent directement de ces films. Et contrairement à certains de ses contemporains du Nouveau Cinéma allemand (A. Kluge ou R.W. Fassbinder e.a.) qui ont explicitement fait dialoguer leurs productions avec un ensemble de systèmes de pensée, Herzog s’est toujours gardé de parsemer ses films de quelconques références intellectuelles. Il s’est cependant lui-même employé à déployer une pensée féconde, démontrant dans ses textes et ses films que le brouillage des frontières entre documentaire et fiction est également marqué du sceau du paradoxe. Du côté de la fiction, la vérité d’un film dépend de l’exposition de ses acteurs à la matérialité réelle du tournage, tandis qu’à l’inverse, en documentaire, la vérité ne peut être atteinte qu’au prix d’une réécriture et d’une poétisation radicale du réel. Un des thèmes récurrents de la Conquête de l’inutile résume ainsi l’ensemble des contradictions et paradoxes qui travaillent l’œuvre de Herzog : ce qui paraît paisible n’est qu’une illusion. Le réel est la tourmente. Il inquiète les sens et entraine une crise de l’intelligibilité qui est nichée au cœur même de la perception. Mais la réponse de l’auteur à cette crise relève, ici encore, d’un geste paradoxal. Car à l’instar de ses personnages, Herzog choisit d’aggraver en quelque sorte le problème auquel il est confronté : au lieu de se tourner vers un cinéma du dénuement et de la sobriété distanciée tel qu’il fut pratiqué par Straub et Huillet notamment, le réalisateur s’engouffre dans un cinéma de l’excès, d’un excès de la perception, car il y entrevoit la seule façon de ne pas être captif de la représentation.
En raison de ses paradoxes et de ses contradictions, l’œuvre de Werner Herzog est une œuvre qui pense. Elle nous entraine dans ses apories irrésolues, non pas pour que nous les levions ou que nous les dépassions en identifiant la logique interne et propre de ses films, mais, au contraire, pour nous encourager à les travailler dans des systèmes de pensée qu’ils ne contiennent pas a priori. Il s’agit de croiser cette œuvre avec de multiples approches issues de champs disciplinaires différents (philosophie, anthropologie, sociologie, littérature, psychologie, études cinématographiques, etc.). Car c’est à la condition de renoncer à penser strictement à l’intérieur de l’œuvre, c’est-à-dire à la condition de l’exposer au contact de différentes disciplines, qu’on sera en mesure de penser avec elle. Les séquences de travail proposées dans ce colloque constituent un premier pas sur cette voie.
Comité scientifique : Stephanie Baumann (Université Nouvelle de Lisbonne), Tadeu Capistrano (Université Fédérale de Rio de Janeiro), Grégory Cormann (Université de Liège), Jeremy Hamers (Université de Liège), Éric Lecerf (Université Paris 8), Alexander Neumann (Université Paris 8), Jennifer Verraes (Université Paris 8).
Contact(s) : eric.ferdinand.lecerf@gmail.com / jenniferverraes@hotmail.com
Programme
Mercredi 06 novembre 2019
Goethe-Institut Paris – Salle de Projection
9:30 Accueil des participants ?
10:00 Introduction au colloque : Une attention au réel qui échappe aux catégories classiques de fiction et de documentaire
PANEL 1 : POLITIQUES
10:30 Stefanie Baumann (Université Nouvelle de Lisbonne)
Ni centré sur la politique, ni politiquement inerte. De la subversion sensible dans les films de Werner Herzog
11:30 Richard Eldridge (Swarthmore College)
Herzog’s Courage and the Politics of the Image*
12:30 Déjeuner
PANEL 2 : NORMES
14:00 Francesco Cattaneo (Université de Bologne)
Diving in the Sanctuary. Scientific Knowledge and the Representation of Scientists in Herzog’s Films*
15:00 Lison Jousten (Université de Liège)
Le Kung-Fu, Fred Astaire et le porno. Quelques aspects du corps paradoxal chez Werner Herzog
16:00 Pause café
PANEL 3 : TEMPORALITÉS
16:30 Éric Lecerf (Université Paris 8)
Quel territoire assigner à la fable ?
17:30 Chantal Poch (Université Pompeu Fabra)
Locked in History : Werner Herzog Between Past and Future*
19:30 TABLE-RONDE : DÉBAT AUTOUR D’UNE SÉQUENCE ?
Barbara Le Maître (Université de Paris Nanterre), Patrick Vauday (Université Paris 8)
Jeudi 07 novembre 2019 ?
Université Paris 8 – Maison de la recherche - Amphi MR 002
9:30 Accueil des participants
PANEL 4 : CRISES
10:00 Alexander Neumann (Université Paris 8)
Lorsque le monde s’effondre les dépris frappent même les héros
11:00 Tadeu Capistrano (Université Fédérale de Rio de Janeiro)
Leçons des ténèbres et les spectres de la fin du monde
12:00 Déjeuner
PANEL 5 : HISTOIRES
13:30 Grégory Cormann & Jeremy Hamers (Université de Liège)
Histoires des animaux : Les nains aussi ont commencé petits & Le diamant blanc
14:30 Antoine Janvier (Université de Liège)
Les visions de Kaspar (Deleuze & Deligny)
15:30 Pause café
PANEL 6 : SOURCES
16:00 Jennifer Verraes (Université Paris 8)
Comme un seul homme : Signes de vie & La grande extase du sculpteur sur bois Steiner
17:00 Vincent Deville (Université Paul-Valéry Montpellier 3)
Herzog, lecteur et adaptateur du Lenz de Büchner
19:30 TABLE-RONDE : DÉBAT AUTOUR D’UNE SÉQUENCE
?Andrea Cavazzini (Groupe de Recherches Matérialistes), Igor Krtolica (Université Paris 8), Christa Blümlinger (Université Paris 8)
Vendredi 08 novembre 2019 ?
Université Paris 8 – Maison de la recherche - Amphi MR 002
9:30 Présentation du projet ARTEC ?
10:00 Présentation d’éléments du glossaire
10:30 PROJECTION DE FATA MORGANA (1971)
12:00 Déjeuner
13:30 Présentation d’éléments du glossaire
14:00 PROJECTION DE COBRA VERDE (1987)
15:30 Pause café
16:00 Échange avec les participants
* Les communications données en anglais feront l’objet d’une traduction simultanée. Un casque sera prêté – prévoir une pièce d’identité.