Colloque international. Michel Foucault et le diagnostic du présent. Ontogie historique, subjectivation, néolibéralisme et gouvernementalité au XXIe siècle 28-30.10.2024

Colloque international
Michel Foucault et le diagnostic du présent
Ontogie historique, subjectivation, néolibéralisme et gouvernementalité au XXIe siècle

40 ans après la disparition de Michel Foucault 1926-1984

28 et 29 octobre 2024, Université de La Frontera. Temuco
30 octobre 2024, Université Australe du Chili. Musée Colonial Allemand. Frutilla
Chili

Programme (PDF)

 

Comment penser notre présent d’une manière qui nous permette de le concevoir autrement ? Comment établir un lien possible entre cette pensée et une éthique de l’action face à la précarité de ce monde ? Comment donc supposer un ensemble d’articulations possibles entre philosophie, science, pensée, savoir et politique ? Comment inclure dans notre existence sociale la prémisse historique et l’appel à l’action et à l’autonomie de pensée qu’elle présuppose ? Pour ces relations entre savoir et politique, il n’y a pas de place dans la pensée de Foucault pour les adhésions, les justifications ou les défenses philosophiques et/ou partisanes, il s’agit simplement d’une question de compréhension. Déjà dans l’analyse de l’Aufklärung, Michel Foucault soulignait la pertinence de la facette historique comme élément clé dans le démasquage de notre conscience et de notre passé. En ce sens, il a parlé d’"ontologie historique" en tant que procédure de compréhension de ce que nous faisons, disons et pensons. Dans le diagnostic de notre présent, cette critique historique est toujours l’analyse des limites de nos institutions, de nos pratiques et de nos exercices. Pour Michel Foucault, cette interrogation n’implique pas de considérer les institutions sous leur aspect universel et/ou formel, sous leur aspect nécessaire ou obligatoire ; elle admet l’exigence d’une analyse qui les fasse répondre au sens de leur conformation historique et donc non transcendante. L’analyse du présent se fait à travers l’examen de la contingence, la recherche du singulier dans l’universel. Mais comment le débat ouvert par l’ontologie historique peut-il porter sur la place de nos institutions, leurs intérêts, leurs pratiques et leurs motivations ? Une première réponse au sein de la philosophie de Foucault nous montre que rien ne peut être déduit de ce que les universaux du monde donnent à penser (l’idée de démocratie, de raison, de liberté, d’émancipation). En ce qui concerne les formes de domination et de pouvoir, Foucault constate que la possibilité de l’autonomie individuelle doit être déduite de la contingence, qui nous fait être ce que nous sommes, nous donnant la possibilité de ne pas être, de ne pas faire ou de ne pas penser. Mais c’est la contingence elle-même qui peut permettre aux individus de penser plus longuement ce qu’ils sont, ce qu’ils font et ce qu’ils pensent. L’enquête de Foucault sur le néolibéralisme est intégrée dans une réflexion qui unit la connaissance stricte, rigoureuse et érudite de la philosophie à la politique, devenant ainsi une entreprise philosophique de libération. Le véritable travail philosophique est donc celui qui découvre et déclare la vérité de la politique. Une première systématisation de ces recherches se trouve notamment dans La Naissance de la biopolitique, cours réalisé par Foucault dans les années 1978-1979. Ces analyses précoces de la problématique néolibérale, publiées tardivement (2004), auront peu d’influence sur les mouvements sociaux des années 1990 et seront peu prises en compte par l’enseignement philosophique français avant les années 2000. Une situation totalement différente de celle du monde académique anglo-saxon, où ces études constituent l’une des pierres angulaires des études sur la gouvernementalité. De manière surprenante, la "French Theory" est plus largement diffusée en anglais qu’en français. Quoi qu’il en soit, depuis 1978, le néolibéralisme a été analysé par Foucault sur la base de sa double nature : comme un type de gouvernementalité qui règne sur les individus et comme un mode de domination. En ce sens, les relations de pouvoir deviennent centrales dans l’analyse de la gouvernementalité néolibérale. Dans toute relation de pouvoir, il est possible pour chacun des protagonistes de disposer d’une marge de liberté pour orienter la conduite de l’autre ou pour résister à la conduite qu’on veut lui imposer. Christian Laval rappelle précisément que pour Foucault, le néolibéralisme est le prototype de ce jeu de l’action sur l’action, que ce soit au niveau macro-politique ou micro-politique.
En réfléchissant aux formes de subjectivation générées par l’ordre néolibéral, il est possible de supposer que l’étatisme est la tentative d’articuler un système de pouvoir sous la forme de la souveraineté de l’état, et un système d’interdépendance et d’interaction des intérêts individuels. Ce nouveau type de rapport, de vision épistémologique du monde, est tout à fait nouveau et inaugure le concept de "société civile" en tant que domaine de la gouvernementalité libérale. Dans La Naissance de la biopolitique, Foucault voit dans la société civile un concept de technologie gouvernementale dont la mesure rationnelle doit être juridiquement liée à une économie comprise comme un processus de production et d’échange. Il n’est pas possible d’envisager l’économie capitaliste sans le gouvernement d’une société. Comme le souligne Patrice Vermeren, la philosophie de Michel Foucault pourrait-elle être pensée comme fondant en quelque sorte un nouveau type de politique ou d’éthique singulière ? Il faut alors essayer de voir quelle est la portée de la réponse négative de Jacques Rancière à l’héritage de Michel Foucault pour les contemporains du XXIe siècle : il y a des livres et des auteurs qui ont un effet sur nous dans la mesure où ils ne nous disent rien sur ce que nous devrions faire pour notre présent et notre avenir. – Alejandro Bilbao

 

Comité d’organisation :

  • Pr. Alejandro Bilbao, Université de Los Lagos /Chili
  • Pr. Fedra Cuestas, UUniversité de Los Lagos /Chili
  • Pr. Ricardo Viscardi, Pr. Rodrigo Browne, Université Australe du Chili /Chili
  • Pr. Patrice Vermeren, Université Paris 8 /France
  • Pr. Rodrigo Browne, Université Australe du Chili /Chili
  • Pr. Cristobal Balbontin, Université Australe du Chili /Chili
  • Pr. Daniel Jofré, Université Australe du Chili /Chili
  • Pr. Carlos del Valle, Université de La Frontera /Chili
  • Pr. Juliette Dumont, Centre Franco-Argentin des Hautes-Études, Université de Buenos Aires /Argentine, Université de la Republica /Uruguay

Organisation :

  • Master en Psychologie des Adultes, Université Australe du Chili, Projet Fondecyt d’initiation (Code projet : 11230745)
  • Doctorat de Communication, Université Australe du Chili / Université de La Frontera /Chili
  • Université de La Republica /Uruguay
  • Laboratoire d’études et de recherches sur les Logiques Contemporaines de la Philosophie, Université Paris 8 /France
  • Cursus de Langue Espagnole et Communication, Université de Los Lagos /Chili
  • Cursus d’Anthropologie, Université de Los Lagos
  • Département des Sciences Humaines et des Arts, Université de Los Lagos /Chili

Avec le soutien de :

  • Institut Universitaire de France /France
  • Université Australe du Chili /Chili
  • Délégation Régionale de Coopération pour le Cône Sud et Brésil, Ambassade de France au Chili
  • Centre Franco-Argentin des Hautes Études, Université de Buenos Aires /Argentine
  • LOM Editions /Chili
  • Ambassade de France en Uruguay
  • Université de la Republica /Uruguay
  • Université Paris 8 Saint-Denis /France
  • Université Paris-Cité /France
  • Université d’État de Rio de Janeiro /Brésil