Colloque international. Sensibilidad experimental. Arte, filosofía, universidad 7-8.03.2023
Colloque international
Sensibilidad experimental. Arte, Filosofía, Universidad
7 et 8 mars 2023
Auditorium du CICUS
c/Madre de Dios 1 – 41004 SÉVILLE
https://cicus.us.es/
Ce colloque bénéficiera d’une traduction simultanée français-espagnol dans toutes ses instances. L’activité est gratuite et ouverte au public, sur inscription préalable.
L’éducation artistique et l’éducation philosophique étaient autrefois - et le sont peut-être encore, pour les motivations les plus diverses - autonomes. Cependant, toutes deux ont de plus en plus d’éléments en commun, à commencer par le danger toujours présent de réformes agressives qui menacent de les faire disparaître de l’un de leurs centres historiques : l’université. Pourtant, les problèmes, les objets, les pratiques, les méthodes et les noms semblent circuler librement d’une institution à l’autre, d’une faculté à l’autre, d’un genre à l’autre. Ce Colloque, réunissant différents enseignant·e·s et étudiant·e·s, voudrait explorer quelques-unes des multiples rencontres entre art et philosophie à l’Université. Et ce, à partir de deux noms exemplaires pour la définition même de la rencontre et de l’influence massive aux XXe et XXIe siècles : d’une part, Marcel Duchamp ; d’autre part, Friedrich Nietzsche. Entre l’artiste "sans attitude métaphysique", dont semble dériver tout "art conceptuel", et le philosophe qui s’écriait au milieu de la nuit sacrée des symphonies de Wagner et des tragédies grecques "Nous, les artistes", les frontières entre art et philosophie se dessinent et s’estompent dans la recherche d’autres modes de vie à l’Université.
Outre la manière décisive dont ces noms ont déterminé ce qu’on appelle parfois le monde de la culture, les formes monstrueuses qu’ils ont laissées derrière eux : l’artiste-philosophe et le philosophe-artiste, indiquent la présence de nouvelles valeurs et pratiques au sein du continuum universitaire ; et ce malgré le fait que les figurations masculines : le "père de l’art moderne" et le "docteur de la civilisation", au-delà des noms/prénoms de Duchamp et Nietzsche, nous font douter des limites de cette nouveauté.
D’une part, Duchamp valide et étend l’introduction d’une certaine philosophie dans les programmes des diplômes d’art et des diplômes artistiques ; une "philosophie contemporaine" au sein de l’enseignement artistique qui, si à certaines occasions elle a véritablement accompagné l’art, dans un couplage potentiel réel de bénéfices mutuels, à d’autres, emballée dans le vide, semble plutôt une source de déviations et de malentendus (nous serions donc également confrontés à la rencontre d’un malentendu). Un exemple en est la polémique de l’ESTHETIQUE (la revalorisation philosophique de la sensibilité basée sur diverses lectures transformatrices de l’intuition sensible et du jugement de goût) non seulement avec l’HISTOIRE DE L’ART mais aussi avec la PHILOSOPHIE DE L’ART, la CRITIQUE ARTISTIQUE ou la MEDITATION TECHNIQUE des artistes eux-mêmes sur et à partir de leurs productions.
D’autre part, l’insertion progressive de l’œuvre polyphonique de Nietzsche est née, en partie, de la caution philosophique qu’elle a reçue de la part de professeurs radicaux, dans les premiers programmes universitaires expérimentaux de philosophie à partir des années 1970 et 1980, à l’unisson d’événements politiques tels que le Mai français, et va de pair, également, avec la création d’une nouvelle philosophie (englobée sous l’étiquette de philosophie de la différence), portée par une génération amorphe et large dans divers pays, langues et universités, qui a forgé ses concepts en compagnie de multiples manifestations artistiques.
Dans ces conditions, plusieurs questions, plus ou moins immédiates, peuvent être posées, se proposant comme des interrogations directrices pour les problématiques que cette rencontre tentera de mettre en forme :
De quel art parlons-nous aujourd’hui lorsque nous nous référons à "art et philosophie" ? Quel art, quelle philosophie, après les événements "Nietzsche" et "Duchamp" ? Peut-on encore concevoir une pratique proprement artistique, une œuvre proprement philosophique ? Ou bien ces mots sont-ils des étiquettes dans un monde de pensées impures, complexes, hybrides, dynamiques, qui ne sont ni artistiques ni philosophiques, ou l’une et l’autre chose ?
Quelle est la valeur et la fonction de la copule philosophie et art ? Comment se définit expressément cette rencontre entre affections, intuitions, concepts et idées ? Qu’est-ce que l’art (les langages artistiques et leurs limites, la logique de la sensation) a provoqué par rapport aux moyens d’exposition de la philosophie ? Dans quel sens une popularité philosophique, un renouvellement formel et politique de ses propositions était-il possible, depuis sa référence à la plus haute technicité, jusqu’aux rénovations et expérimentations continues, du médium artistique ? Comment les notions classiques, exceptionnelles, de génie ou de talent (sa mythologie) ont-elles réécrit la démarche artistique, en la valorisant ou en la dissolvant ?
Quelles sont les déterminations historiques et politiques qui ont rendu possible (ou inévitable) ce croisement, déjà engendré à la fin du XVIIIe siècle, tout au long des XIXe et XXe siècles ? Quelles sont celles qu’il a engendrées en ce XXIe siècle ?
Quelles sont les relations entre la "composition", belle ou laide, et la "vérité", le "goût", bon ou mauvais, avec ce qu’on appelle le "sens" et la "réalité", et comment ces relations sont-elles déterminées aujourd’hui par le modèle global de "production de connaissances" (c’est-à-dire spécialisation, standardisation, quantification, efficacité, applicabilité, résultats, impact) qui s’est installé, suivant les diktats et la répartition inégale d’une économie épistémologique globale et monolingue (capitalisme cognitif), dans les universités publiques ?
Que disaient-elles et que doivent encore dire et faire ces relations entre art et philosophie ? Que peuvent-ells dire et faire ensemble aujourd’hui, face à l’avancée et à la consolidation de cette bureaucratie répressive ? Que peuvent-elles sauver et réinventer face aux exigences vitales de l’émancipation ?
· 09:20 – 09:55 h. Inés Molina Navea. Presentation du colloque
· 10:00 – 10:45 h. Daniel Bilbao Peña. La idea dibujada
· 10:50 -11:35 h. Patrice Vermeren. Un couteau sans lame dont on a perdu le manche ? Le philosophe boiteux
· 11:40 – 12:00 h. Pause
· 12:05 – 12:40 h. Ma Antonia Blanco. La expansión pedagógica en la sociedad contemporánea : arte y realidad
· 12:45 -13:30 h. Fernando Infante del Rosal. Todo podría haber sido diferente
· 13:35 – 15.35 h. Déjeûner
· 15:40 – 16.25 h. Federico Rodríguez. Dar el golpe
· 16:30 -17:15 h. Jordi Carmona Hurtado. Filosofía de la contracultura española
· 17:20 -17:35 h. Pause
· 17:40 -18:25 h. Ana Sánchez Acevedo. Huir de la autoría
· 18:30.-19:30 h. Stéphane Douailler. Là où manque le concept d’un peuple noble
· 10:50 – 11:40 h. Carla Carmona Escalera y JulieAlfonsi. Conversaciones sobre pintura, extranjería y feminismo
· 11:45 – 12:15 h. Pause
· 12:20 -13:05 h. Carmen Rivera. El análisis fílmico en el mundo de la explicación y justificación de la práctica artística
· 13:10 -13:55 h. Alberto Carpio. Creer en el trabajo
· 14:00 – 16:00 h. Déjeuner
· 16:05 – 16:50 h. Marco Mosquera. Función, género y respiración : una metodología de la investigación aplicada a la composición musical.
· 17:00 – 18:00 h. Eric Alliez. Nietzsche avec Duchamp
Institut Français à Séville
Université Paris 8 Saint-Denis
Julie Alfonsi, Stéphane Douailler, Inés Molinea Navea et Federíco Rodriguez