Magda REFAA, Traductrice

Discipline : Philosophie

Titre de la thèse : La notion de gouvernementalité chez Foucault

Année de soutenance de la thèse : 2017

Contact : mrefaa@yahoo.com

 


 

Résumé de la thèse : Cette thèse essayera d’examiner dans un premier temps, la manière dont Foucault établit sa notion de la critique, conçue comme une attitude, un « êthos », une façon d’agir, et qui s’articule à une ontologie du présent. Et dans deuxième temps, la façon dont cette notion de la critique telle que reformulée dans une histoire de la gouvernementalité et inséparable du diagnostic d’une crise inscrite dans les plis des jeux de pouvoir, s’articule avec une analyse qui lui est propre du libéralisme et du néolibéralisme, et qu’il conçoit non pas comme idéologie, mais comme deux formes de gouvernement, et de rationalité gouvernementale complexe. C’est ainsi que nous essayons de suivre comment Foucault élabore son projet critique, en essayant de repérer la manière par laquelle Foucault cherche à établir un diagnostic de ce que nous sommes dans notre présent, par l’analyse critique de ce type de rationalité qui appartient aux sociétés occidentales modernes, et qui se caractérise par une double face individualisante et totalisante. En même temps, c’est une tentative qui vise à élaborer une stratégie de résistance, et à « promouvoir de nouvelles formes de subjectivité » ; à nous émanciper de ce « type d’individualité qu’on nous a imposé pendant plusieurs siècles ». Cette rationalité selon Foucault, trouve son point d’ancrage dans l’« Aufklärung ». Cela nous amène à interroger d’abord le rapport entre la critique et l’Aufklärung qui le conduit à situer son propre projet critique par rapport à la théorie Kantienne. Foucault s’interroge sur la relation entre la rationalisation et le pouvoir. Pour lui, il est inutile d’analyser cette rationalité appartenant aux Lumières. Il proposera une autre manière d’étudier les liens entre la rationalité et le pouvoir : d’abord en traitant la rationalisation de la société et de la culture, non pas de manière globale, mais dans plusieurs expériences comme la folie, la maladie la sexualité etc. Ensuite, malgré l’importance de la période des Lumières, il faut nous dit Foucault remonter à des processus beaucoup plus éloignés, tels que celui du pouvoir pastoral, afin de comprendre le moment dans lequel nous vivons. D’après Foucault en effet, le pouvoir pastoral a donné lieu à un art de gouverner qui intervient en politique à partir du XVIe siècle en formant l’arrière-plan historique de la gouvernementalité. Foucault précise « l’État moderne nait […] lorsque la gouvernementalité est effectivement devenue une pratique politique calculée et réfléchie ». L’une des questions fondamentales de cette époque au sortir de la féodalité, c’est : « Comment gouverner ? ». Cette question n’est pas dissociée, de cette autre question : « Comment n’être pas gouverné comme cela, par cela, au nom de ces principes-ci ? ». Cette question est selon Foucault, du côté d’une méfiance et d’une résistance au gouvernement. Mais aussi, elle exprime une aspiration à gouverner autrement. Autour de cela se construit la notion de l’« attitude critique ». La critique peut alors s’entendre comme « un art de l’inservitude volontaire », très proche, selon Foucault, de la manière dont Kant définit l’« Aufklärung » comme une sortie de l’état de minorité. Il s’agit bien de refuser d’obéir à la vérité en tant qu’elle serait pensée, imposée par un autre, et de penser par soi-même. En effet, l’attitude critique pour Foucault consiste à repenser la question de l’« Aufklärung » de Kant, non pas comme l’aube de la raison, mais comme effort permanent pour interroger la rationalité qui nous régit.