Stefanie BAUMANN, Université Nouvelle de Lisbonne
Discipline : Philosophie
Titre de la thèse : Ceci n’est pas un centre d’archives ! : l’Atlas Group de Walid Raad et les déplacements hétérotopiques de la question de l’histoire
Année de soutenance de la thèse : 2013
Contact : stefanie.baumann@gmail.com
Stéfanie Baumann est titulaire d’un doctorat en philosophie de l’Université Paris 8, qu’elle a soutenu en 2013. Sa thèse constitue une tentative de penser l’interpénétration entre teneur de vérité et teneur chosale, dans le projet Atlas Group de l’artiste libanais Walid Raad.
Conjointement à ses recherches théoriques, elle collabore sous différentes formes et depuis plusieurs années avec des artistes et des cinéastes (Esther Shalev-Gerz, Marie Voignier, Mounira al Solh) et s’engage dans des projets de recherche artistique.
Elle a enseigné la philosophie, l’esthétique et les théories de l’art contemporain à l’Université Paris 8 (2007-2010, en tant qu ?allocatrice-monitrice), ainsi que dans des institutions de plusieurs pays, à l’Académie libanaise des Beaux-Arts de Beyrouth (2012-2015), à Ashkal Alwan à Beyrouth (2013) et au Maumaus Study Program de Lisbonne.
Elle a été post-doctorante (boursière de la FCT) à l’Institut de Philosophie Nova / AELAB (Esthétique et philosophie des pratiques artistiques) de l’Université Nouvelle de Lisbonne.
Elle est actuellement chercheuse contratuelle du CineLab / IFILNOVA (Nouvelle Université de Lisbonne), où elle coordonne le groupe de travail « Penser le film documentaire » et mène une recherche sur la philosophie des formats documentaires à travers la théorie critique de la première école de Francfort.
Résumé de la thèse : Cette thèse est une tentative de penser, dans le projet Atlas Group de l’artiste libano-américain Walid Raad, l’interpénétration entre « teneur de vérité » et « teneur chosale », comme la formule Walter Benjamin. L’Atlas Group est une oeuvre complexe et curieuse à traits borgésiens : introduite comme une fondation dédiée à la recherche et la compilation de documents sur l’histoire contemporaine libanaise, ce centre d’archives, les documents du corpus et les personnages qui le peuplent, sont au fait des inventions de l’artiste, qui enchevêtre ainsi délibérément des éléments réels et fictifs et rejoue subversivement plusieurs réalités. L’histoire et la politique conflictuelles du Liban des guerres et d’après-guerre confrontent, dans l’hétérotopie raadienne, l’organisme prétendument neutre qui les aborde et le contexte d’art contemporain dans lequel le projet s’inscrit. Ces trois réalités hétérogènes ne sont pourtant pas clairement délimitées, mais s’entrelacent sur plusieurs plans en agissant l’une sur l’autre dans le projet, révélant par là la portée politique à même leur forme : l’ordre de l’archive est contaminé par les désordres libanais, les images et figures agissent sur les contenus et vice versa, et les positions des sujets supposés savoir ou des objets supposés donner accès à une connaissance sont déplacées par le dispositif même qui les comprend. L’Atlas Group met ainsi la pensée philosophique devant le défi d’apprendre à voir dans l’oeuvre, de devenir complice du regard qui l’appréhende afin de déceler ses enjeux critiques et de problématiser, à travers des constellations chargées de tension, comment des formes et des concepts s’imbriquent dans le réel.
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