Silvia SALAZAR LEAL

Discipline : Philosophie

Titre de la thèse : Lacan à l’épreuve du cinéma de Yashiro OZU. Du vide, du regard : la dimension de l’Autre

Année de soutenance de la thèse : 2018

Contact : ivanhoette@googlemail.com 

 


 

Résumé de la thèse : Le cinéma de Yasujiro Ozu se caractérise entre autres par la divergence des commentaires à son égard. Pour certains critiques, son esthétique « typiquement japonaise » évoquerait la résignation paisible face à un destin hostile. Pour d’autres, l’expérience de la vision d’un film d’Ozu serait « cruelle » et « intense » dans la mesure où la « violence des coupes » produirait un « sentiment d’étrangeté ». L’œuvre d’Ozu se présente ainsi comme un noyau susceptible de polariser des significations opposées, occupant un espace « entre » qui laisse au spectateur le choix de sa position face au paradoxe que cette œuvre incarne. Dans le sillage de Kiju Yoshida, pour qui le montage d’Ozu « crée le lieu d’une nouvelle formation de sens » et de Hisaki Matsuura, pour qui le regard-caméra annonce l’approche du réel, la présente thèse cherche à montrer que par la construction de ses films, Ozu déclenche le mécanisme du désir et ouvre une nouvelle dimension dans le récit filmique : la dimension de l’Autre. Ce à quoi contribue le vide omniprésent dans l’œuvre d’Ozu. Pour la pensée extrême-orientale, le vide est un élément porteur de sens ; selon la théorie lacanienne, dès lors que le désir est attiré par le vide, celui-ci devient signifiant au même titre que le plein. Le rapprochement entre la notion japonaise ma, l’intervalle, et le signifiant primordial comme vide « positif », permet in fine de comprendre comment dans les films d’Ozu le vide apparaît dans le rapport entre la composition de l’image et le montage. Ce vide, qui n’appelle pas l’imagination mais la fonction signifiante, renverse la relation du film au spectateur et crée un lieu où l’objet regardé devient une entité désirante.