Nathalie PÉRIN, Collège international de philosophie
Discipline : Philosophie
Titre de la thèse : François Châtelet, le philosophe enseignant. Raison et scène publique
Année de soutenance de la thèse : 2015
Contact : nathalie.perin5@gmail.com
Elle est chargée de cours à l’Université Paris 8 (Philosophie et Sciences de l’éducation).
Elle est également membre du Comité de rédaction de la revue du Département de philosophie de l’Université Paris 8 Cahiers critiques de philosophie.
Résumé : Ce projet voudrait montrer qu’il y a nécessité à reprendre la question de l’enseignement de la philosophie, de sa transmission, autrement dit, de sa place dans notre société telle qu’elle a pu être pensée par le philosophe François Châtelet (1925-1985). L’examen de cette question aura pour départ la critique de la fonction idéologique de la philosophie telle qu’elle s’exprime dans l’ouvrage La philosophie des professeurs (1970) indiquant le souci du philosophe pour ce lieu premier de la publicité de la philosophie qu’est l’enseignement. F. Châtelet y montre la voie d’un questionnement de la place et de l’image de la philosophie dans la société française à travers son enseignement et les « lieux communs » qu’il délivre et qui vont former le langage courant de l’opinion « médiatico-politique ». Ce pamphlet qui se voulait un contre-cours de l’enseignement officialisé de la philosophie, un outil pour les enseignants notamment débutants, ne va pas s’en tenir à cette critique sans vouloir penser et agir pour un nouvel enseignement de la philosophie.
Aussi au moment d’une attaque officielle des pouvoirs d’Etat (à partir de 1974-1975) visant à faire disparaître cet enseignement, F. Châtelet, en rencontre problématique et de résistance avec J. Derrida et le GREPH, a fait partie de ses défenseurs les plus incisifs et à travers de grands et forts textes, il s’est attaché à mettre au jour et à démonter l’idéologie sous-tendant cette volonté de liquider la philosophie enseignée et l’Ecole dans son ensemble : une certaine pré-détermination des fins de la vie sociale.
Il s’agira donc de repasser par ces questions qui, pour avoir 40 ans d’existence, n’en demeurent pas moins actuelles. Ce sera, avec notre public, essayer de nous donner des outils de réflexion sur l’orientation actuelle de l’éducation et de la culture, questions sur lesquelles sera resté le philosophe, une aide pour penser ce que nous sommes (en train de devenir) et voulons faire de nos établissements d’enseignement.
Résumé de la thèse : Sans doute la première thèse de doctorat sur le philosophe François Châtelet (1925-1985), cette recherche interroge centralement la part collective de l’oeuvre qu’il a laissée. F. Châtelet a en effet défait une posture traditionnelle du geste créateur en philosophie visant la reconnaissance d’un seul nom propre, porteur unitaire de sens, et propriétaire d’idées, pour rendre manifeste une philosophie de la transmission des connaissances véritablement critique et ouverte car débarrassée d’une manière tout originale de la volonté de faire système. Parce que cette dimension collective a été étroitement liée chez F. Châtelet à une mise en question de la philosophie institutionnalisée, une place particulière a été faite à l’ouvrage-pivot La philosophie des professeurs (1970) dans lequel il a dévoilé l’idéologisation qui s’effectue de la philosophie à travers les programmes qui lui donnent forme enseignante. Pour F. Châtelet, la défense de la philosophie vivante s’accompagne à l’inverse d’une critique constante des images qui lui proposent de tenir un rôle à la fois supérieur et impuissant, et d’une réflexion politique sur les réalités de l’École et de la culture. Dans cette voie, il appartient à la philosophie d’entrer en résistance et de se séparer des fins voulues par le pragmatisme social, par les collusions entre pouvoirs et savoirs gestionnaires aussi bien que par ses identifications à des formes d’ « Etat-Savant ». Cette recherche établit que l’oeuvre à la fois personnelle et collective de F. Châtelet aura eu pour l’un de ses fils directeurs, sous cet aspect, la dénonciation de la modélisation de la pensée, et qu’elle se sera employée à faire remonter concrètement cette modélisation à la naissance de la philosophie comme genre spécifique.