Séminaire. Les Dialogues philosophiques. Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine, de la Caraïbe et d’Europe 2019-2020

Séminaire Les Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine, de la Caraïbe et d’Europe
2019-2020

 

Créé par le Laboratoire Logiques Contemporaines de la Philosophie de l’Université Paris 8 (LLCP EA 4008 – axe de recherche « Hétérogénéité des mondes et logiques de l’émancipation ») en partenariat avec le Collège International de Philosophie (CIPH), le Laboratoire du Changement Social et Politique de l’Université Paris 7 – Diderot (LCSP EA 7335) et l’Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine (IHEAL), le SÉMINAIRE LES DIALOGUES PHILOSOPHIQUES accueille et présente à Paris les travaux qui renouvellent depuis plusieurs décennies la scène philosophique sud- et mésoaméricaine en nouant des liens inventifs avec les sciences sociales et les arts ainsi qu’en dialoguant avec la recherche philosophique contemporaine en Europe.
Ajoutant à sa tenue mensuelle à la Maison de l’Amérique latine de Paris l’organisation de journées d’études et de colloques internationaux, l’encadrement de cotutelles de thèses et la responsabilité de publications, il favorise à travers ses échanges l’émergence d’une communauté de chercheurs et de jeunes chercheurs ayant le monde sud- et mésoaméricain en partage et faisant de la transdisciplinarité de la pensée et de l’internationalisme de la création une œuvre collective aussi libre que rigoureuse.
Associé aux initiatives persévérantes d’études philosophiques et universitaires pendant la période des dictatures d’Amérique latine et de l’exil, puis aux discussions politiques, juridiques et philosophiques du temps de la transition et de la reconstruction, il continue de placer l’accent sur les questions de la démocratie et de l’émancipation, sur les enjeux de l’enseignement et de l’université, sur les interactions de la mémoire ainsi que sur les créations sociales et artistiques.

Comité scientifique : Stéphane Douailler, Éric Lecerf, Georges Navet, Bertrand Ogilvie, Patrick Vauday et Patrice Vermeren (Université Paris 8), Marie Cuillerai, Martine Leibovici (Université Paris 7), Nelson Vallejo-Gomez (FMSH).

Équipe des Dialogues philosophiques : Julie Alfonsi (Paris 7), Daniel Alvaro (UBA), Marie Bardet (Paris 8 / Espacio Eclectico Buenos-Aires), Andrea Benvenuto (EHESS), Mercedes Betria (Universidad de Rosario), Laura Brondino (Lille 3), Jean-Jacques Cadet (Paris 8), Gustavo Celedon (Universidad de Valparaiso), Carlos Contreras (Universidades de Chile y de Valparaiso), Elena Donato (UBA), Louise Ferté (Université de Picardie), Maria Soledad Garcia (Universidad nacional de Colombia), Nicolas Garibaldi (Universidad de Cordoba), Obed Frausto Gatica (UNAM), Claudia Guitérrez (Universidad de Chile), Marco Iazzetta (Universidad Nacional de Rosario), Camille Louis (Paris 8), Luz Maria Lozano Suarez (Universidad del Atlantico, Barranquilla), Martin Macias (Paris 8/UDELAR), Geoffroy Mannet (Paris 8), Julio Miranda Canhada (Universidade de Sao Paulo), Angélica Montes (ESSEC/LLCP-Paris 8), Carlos Pérez López (Conicyt-Chile / Universidad de Chile /Pontificia Universidad Católica de Valparaíso), Nelson F. Roberto (Paris 8), Soledad Nivoli (Universidad de Rosario), Senda Inés Sferco (CONICET, IIGG-UBA), Pauline Vermeren (Paris 7), Aurélie Veyron-Churlet (Terra), Agostina Weler (Paris 8), Karen Wild Diaz (Paris 8).

Site d’information et abonnement aux nouvelles :
http://groups.google.com/group/infos-dialoguesphilosophiques
Site de la Maison de l’Amérique latine :
http://www.mal217.org

Maison de l’Amérique latine
217, Boulevard Saint Germain, 75007 Paris

Accès :
Métro Solférino ou Rue du Bac
RER Musée d’Orsay
Bus 63, 68, 69, 73, 83, 84, 94
Parking Bac / Montalembert

 


 

Séminaire Les Dialogues philosophiques
Rencontres entre chercheurs d’Amérique latine, de la Caraïbe et d’Europe

Rossana Cassigoli (UNAM, Mexico)
Exil et symptôme. Le phénomène de l’écriture testimoniale
et Luz Maria Lozano Suárez (Universidad del Atlantico, Bogota)
Justice réparatrice en Colombie et gouvernementalité néolibérale

Le mardi 8 octobre 2019, 19h-20h30 
Maison de l’Amérique latine

(217, Boulevard Saint Germain, 75007 Paris)

Avec, en qualité de répondantes,
Gisele Amaya dal Bó (Paris 13)
et Louise Ferté (INSPE Lille, laboratoire RECIFES)

 

Résumé de Rossana Cassigoli Salamon : Le livre de Rossana Cassigoli dont est issue la conférence, L’Exil comme symptôme. La littérature et ses sources (Chili, Metales pesados, 2016) propose d’aborde le sujet de l’exil à partir de deux perspectives distinctes mais convergentes. D’une part, la chronique littéraire de l’expérience historique familiale – qui travers deux événements marquants du XXe siècle : le génocide nazi et la dictature militaire chilienne – et d’autre part, la réflexion éthique de l’autobiographie en tant que genre testimonial d’un fait fragmentaire ayant une valeur démonstrative.

Rossana Cassigoli Salamon. Docteur en anthropologie (Instituto de Investigaciones Antropológicas de la UNAM, México, 2002), ses recherches portent sur l’anthropologie philosophique, la théorie de la culture, l’herméneutique de la mémoire et l’épistémologie de l’exil. Elle a écrit, entre autres : Pensar lo femenino. Un itinerario filosófico hacia la alteridad (Barcelona:Anthropos, 2008) ; Morada y memoria. Antropología y poética del habitar humano (Barcelona, Gedisa, 2011), et El exilio como síntoma. Literatura y fuentes (Chile : metales pesados, 2016).

Résumé de Luz Maria Lozano Suárez : La conférence de Luz Maria part de la critique par Foucault du néolibéralisme qui ne corrige pas les effets du marché sur la société, qui ne constitue pas un contrepoids entre la société et les processus économiques. Les mécanismes de compétitivité jouent le rôle de régulateurs. C’est pourquoi selon Foucault, la gouvernementalité néolibérale n’est pas un gouvernement économique, mais au contraire un gouvernement de société. Nul ne peut être exclu du jeu économique, l’État doit alors veiller à ce que tous les individus soient souscrits dans cette sorte de contrat. On doit assurer la non-exclusion de l’individu dans le jeu économique. Les sujets, selon l’analyse qu’ils peuvent faire eux-mêmes comme projet de vie, doivent choisir à tout moment ce qui leur est bénéfique en termes économiques, en évaluant les risques, y compris les risques psycho-sociaux. Cela va d’une analyse des potentialités des individus à la possibilité de voir comment ils peuvent résoudre des problématiques de leur contexte, peut-être dans le sens de la psychologie cognitive contemporaine. La question la plus importante qui se pose aux individus sera de savoir quel travail ils doivent faire pour être innovateurs, pour être producteurs, pour obtenir des salaires et pour faire partie du marché. La justice n’échappe pas au jeu économique. Les victimes obtiennent réparation mais prétendent faire partie du capital humain d’un pays comme la Colombie.

Luz Maria Lozano Suárez. Enseignante à l’Universidad del Atlántico (Barranquilla-Colombia). Philosophe, artiste dramatique, master en éducation, doctorante en philosophie de l´Université Paris 8. Membre du LLCP. Jeune chercheuse du Laboratoire de recherche AMAUTA-Catégorie B COLCIENCIAS.

 


 

Séminaire Les Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe

Mimose André (Université Paris 8, ENS Haïti)
La Philosophie de Simone de Beauvoir

Le mardi 5 novembre 2019, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine

(217, Boulevard Saint Germain, 75007 Paris)

Avec, en qualité de répondante,
Fabienne Brugère (Université Paris 8)

 

Résumé : Mon travail de recherche, intitulé « Simone de Beauvoir philosophe politique en contexte. Le projet d’un féminisme socialiste », se propose de clarifier deux points de vue entre lesquels s’établit un rapport étroit : la théorie politique et sa conception du féminisme qui se démarque d’autres conceptions en se caractérisant comme étant un féminisme socialiste. Simone de Beauvoir est politique parce qu’elle est féministe. Elle est féministe parce qu’elle est politique, c’est-à-dire qu’elle structure sa conception du féminisme dans le cadre d’une vision féministe qui ne se réduit pas à une approche fragmentaire de la condition féminine mais à une réflexion théorique globale de l’ensemble social.

Mimose André est doctorante en philosophie (Université Paris 8, Laboratoire d’études et de recherches sur les Logiques Contemporaines de la Philosophie) et prépare une thèse intitulée « Simone de Beauvoir philosophe politique en contexte. Le projet d’un féminisme socialiste », sous la direction de Fabienne Brugère. Elle est professeur de philosophie en lycée et à l’Institut de formation continue des directeurs et professeurs (IFOCDIP) à la Faculté des Sciences de l’Éducation, à Port-au-Prince.

 


 

Séminaire Les Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe

 « Éloigner et expulser les étrangers au XIXe siècle »
Présentation du dossier paru dans la revue Diasporas (2019, n° 33)
http://pum.univ-tlse2.fr/ no-33-eloigner-et-expulser-les .html
par Edward Blumenthal, Romy Sánchez, Hugo Vermeren

Le mardi 3 décembre 2019, 19h-20h30 
Maison de l’Amérique latine

(217, Boulevard Saint Germain, 75007 Paris)

 

Résumé : Ce dossier invite à penser ensemble les différentes mesures d’éloignement et d’expulsion prises à l’encontre des étrangers au xix e siècle sur le continent européen, dans certains espaces coloniaux, mais également en Amérique latine. Les neuf contributions de ce numéro abordent ainsi les politiques et les pratiques de l’éloignement des étrangers dans toute leur pluralité et leur complexité, montrant combien l’histoire de l’accueil et de l’intégration des étrangers est aussi une histoire de rejets profondément enracinés dans les processus de construction des États-nations et des territoires coloniaux au xix e siècle. Une attention particulière est également portée aux étrangers visés par les procédures d’éloignement à travers les formes de mobilisations individuelles et collectives pour dénoncer et contester ces décisions prises à leur encontre.

Edward Blumenthal est maître de conférences à l’Université Sorbonne Nouvelle, rattaché au Centre de Recherche Interuniversitaire sur l’Amérique Latine (CRIAL EA 2052). Ses recherches portent sur les exils politiques en Amérique latine au XIXe siècle et le droit international des migrations. Il prépare actuellement un livre sur l’exil et la formation des États-nations en Amérique du Sud au XIXesiècle.

Romy Sánchez est chargée de recherche au CNRS, rattachée au laboratoire IRhiS de l’Université de Lille. Historienne spécialiste de Cuba et de la Caraïbe au XIXe siècle, et des migrations politiques transatlantiques dans leurs dimensions impériales, sa thèse portait sur les exilés politiques cubains du XIXe siècle. Ses recherches actuelles portent sur les circulations conservatrices et anti-émancipatrices dans la Caraïbe du XIXe siècle. Avec Delphine Diaz, Jeanne Moisand et Juan luis Simal, elle a coordonné le livre Exils entre les deux mondes. Migrations et espaces politiques atlantiques au XIXe siècle, Les Perséides, Bécherel, 2015.

Hugo Vermeren est membre de deuxième année de l’École française de Rome, rattaché au Centre d’études et de recherche en histoire culturelle (CERHiC EA2616). spécialiste du Maghreb colonial, des migrations internationales et du fait communautaire italien. Il est notamment l’auteur du livre Les Italiens à Bône. Migrations méditerranéennes et colonisation de peuplement en Algérie (1865-1940) (Rome, 2017). Ses recherches actuelles portent sur la gouvernance des ressources halieutiques en Méditerranée et les migrations des pêcheurs italiens vers le Maghreb au XIXe siècle.

 


 

Séminaire Les Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe

Natalia Prunes (Université de Buenos Aires/université Paris 8)
Rapports historiques de pouvoir dans l’histoire de la langue espagnole

Le mardi 7 janvier 2020, 19h-20h30 
Maison de l’Amérique latine

(217, Boulevard Saint Germain, 75007 Paris)

Avec, en qualité de répondants,
Georges Lomné (Université de Marne-la-Vallée)
et Denis Rolland (Université de Strasbourg, ancien Recteur)

 

Résumé : Le règne du roi de Castille Alphonse X dit « le Sage » (1252-1284), qui fut l’un des esprits les plus cultivés de son temps et dont les facultés se manifestèrent avec tant de supériorité dans des domaines intellectuels les plus variés, marque un tournant dans l’histoire de la langue espagnole car il est considéré comme étant le grand promoteur de l’emploi du castillan en tant que langue de l’administration et de la culture, ce qui comportait un geste extrêmement novateur à son époque. De cette manière, se voir imposer le dit castellano drecho (« le bon castillan », « le castillan droit ») peut être jugé comme un premier pas vers la standardisation de la langue de l’Espagne qui deviendra « l’espagnol » lors de son internationalisation à partir de l’expansion de l’Empire espagnol au XVe siècle. En effet, au Moyen Âge un grand nombre de langues vernaculaires européennes commencèrent à être utilisées dans les chartes au lieu de la langue écrite par excellence, c’est-à-dire, le latin. Dans le cas de l’Espagne en particulier, cet emploi du vernaculaire élevé à la catégorie de langue de prestige cache les véritables intentions du roi Alphonse X : justifier ses droits d’accéder au trône du Saint-Empire romain germanique et documenter historiquement la suprématie de la monarchie à la noblesse. Néanmoins, malgré l’échec de ses projets d’annexion vis-à-vis des royaumes voisins et de ses aspirations à l’Empire, la vernacularisation des chartes royales castillanes fut extrêmement rapide et radicale, ce qui marque de manière significative le prestige sociolinguistique du dialecte castillan au-dessus du reste et affectant la « dimension conceptionnelle » (cf. Selig, 1993 ; Koch et Oesterreicher, 2001) liée à une situation de communication de proximité ou de distance par rapport à celle considérée comme un modèle à suivre.
De cette manière, tout au long des siècles, la création et le développement des entités et des institutions linguistiques promouvant la norme de la langue espagnole révèlent leurs contextes socio-politiques et déterminent la dévalorisation des variétés américaines, dépréciées par rapport au modèle du Centre-Nord péninsulaire, tout comme les vernaculaires romans par rapport à l’antique et sacrée langue latine. Il faudra donc chercher l’origine d’une histoire de domination historique, culturelle, politique et économique dans la création de certaines institutions politiques telles que l’Académie Royale de la Langue Espagnole fondée en 1713 ou l’Institut Cervantes créé en 1991 dont les sièges se trouvent à Madrid.
Dans ce cadre, nous nous centrerons sur les rapports historiques entre langue espagnole et pouvoir depuis le XIIIe siècle jusqu’à nos jours afin de comprendre la notion de langue en tant qu’interface -selon l’appréciation de Michel Foucault lors de l’entretien avec Shigehiko Hasumi en 1977- liant les mécanismes de savoir et pouvoir, dans la mesure où la langue devient génératrice des discours manifestés en elle-même. Le travail se fondera sur une approche archéologique comprise au sens foucaldien mettant l’accent sur la notion de savoir liée à l’idée de vérité.
Curieusement, alors qu’il existe de nombreux travaux faits par des linguistes et par des historiens, nous n’avons pas constaté de véritables travaux en collaboration ou interdisciplinaires, tout comme la question n’a pas trouvé d’écho dans le domaine de la philosophie. Par conséquent, il nous semble nécessaire de commencer à affronter les différentes approches pour pouvoir comprendre les conflits actuels entre l’Espagne et l’Amérique latine par rapport au pouvoir des institutions promouvant les normes de la langue espagnole considérée standard et profitant, selon une conception mercantiliste du patrimoine culturel mise en avant par l’Institut Cervantes, de sa valeur en tant qu’« actif économique » de l’Espagne.

Après une licence de Lettres à l’Université de Buenos Aires (Argentine) et un DEA de Sociolinguistique à l’Université de Salamanque (Espagne), María Natalia Prunes Santa Cruz rédige une thèse de Philosophie au sein du Laboratoire d’études et de recherches sur les Logiques Contemporaines de la Philosophie sous la direction de Patrice Vermeren intitulée « Langage et pouvoir : le panhispanisme et le numérique. Vers une émancipation linguistique ? ». Natalia Prunes est professeure d’Histoire de la langue espagnole à l’Université de Buenos Aires depuis 2002 et professeure d’espagnol comme langue étrangère à New York University depuis 2016. Dans le domaine éditorial, outre de nombreuses traductions du français, de l’italien et de l’anglais vers l’espagnol, elle a coordonné la traduction et l’adaptation en espagnol du Vocabulaire Européen des Philosophies. Dictionnaire des intraduisibles [Vocabulario de las Filosofías Occidentales. Diccionario de los intraducibles, Mexique, Siglo XXI, 2018] dirigé par Barbara Cassin.

 


 

Séminaire Les Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe

Ramiro Parodi (UBA-IIGG-CCC)
« La théorie de l’État de García Linera contre le coup d’État en la Bolivie »

Le mardi 4 février 2020, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine

(217, Boulevard Saint Germain, 75007 Paris)

Avec, en qualité de répondants,
Guillaume Sibertin-Blanc (Paris 8) et Patrice Vermeren (Paris 8)

 

Résumé : Álvaro García Linera (né à Cochabamba, Bolivie en 1962) est un des intellectuels les plus reconnus intellectuels d’Amérique latine aujourd’hui. Après avoir été vice-président de l’État Plurinational de Bolivie, il acquiert une véritable notoriété à partir de la victoire du parti « Mouvement vers le Socialisme » (Movimimiento al Socialismo, MAS) en 2006.
Après une période de formation au Mexique, il rédige ses premiers écrits vers la fin des années 1980 et au début des années 1990. À cette époque, il fait partie de l’« Armée de Guérrillera Tupak Katari » (Ejército Guerrillero Tupak Katari, EGTK) où il militait. Ce mouvement politique dont le but est d’encourager l’unité entre la ville et les communautés aymaras de l’altiplano, s’inscrit au sein de « l’indianisme-katarisme » et se développe fortement au cours des années 1970.
Entre 1992 et 1997, il est emprisonné à Chonchocoro, où il publie son livre Forma valor y forma comunidad : aproximación teórica-abstracta a los fundamentos civilizatorios que preceden al Ayllu universal. Il s’agit d’une relecture de Karl Marx (notamment du tome I du Capital) afin de penser les problèmes de la révolution, de la communauté et de la subsomption en Bolivie.
À sa sortie de la prison en 1997, il devient analyste politique dans les médias et enseigne en parallèle la sociologie, les sciences de la communication et les sciences politiques à l’Université Superior de San Andrés (UMSA) à La Paz. Il forme avec d’autres intellectuels-militants le « Groupe Commune » (Grupo Comuna), qui produit une interprétation de la reconfiguration des classes sociales en Bolivie, un discours critique au processus de néo-libéralisation dans le pays puis une critique de la démocratie représentative à partir de la crise de l’an 2000 (« Guerre de l’eau ») et celle du 2003 (« Guerre du Gaz »).
En 2006, Evo Morales Ayma remporte les élections, avec comme vice-président García Linera. On considère García Linera comme l’un des auteurs de la nouvelle constitution de son pays (2009), et il développe en parallèle sa théorie de l’État qui trouve sa traduction dans l’État Plurinational de Bolivie.
Ses écrits s’intéressent aux concepts de nation, démocratie, État et révolution, depuis une perspective marxiste. A quel type de nation correspond un pays multinational ? La démocratie républicaine-représentative est-elle appropriée pour la Bolivie ? Quel est le rapport entre l’État et les communautés indigènes ? La révolution peut-elle avoir lieu dans un pays où le capitalisme s’est développé de manière incomplète ?
García Linera cherche à répondre à ces questions au regarde de l’histoire de la Bolivie. Sa thèse est que la présence de la communauté indigène-paysanne est centrale dans la plupart des résistances boliviennes et que de ce fait, l’effacement de ce sujet politique de l’histoire bolivienne n’est pas une coïncidence. Il suggère alors la nécessité de penser la nation, la démocratie, l’État et la révolution à partir du rôle joué par le mouvement indigène-paysan.
Le 10 novembre 2019 on est témoins d’un nouveau coup d’État en Bolivie. Le retour d’un discours raciste, la présence de l’armée et les violences déclenchées dans la rue invitent à repenser l’histoire bolivienne et sa démocratie. Les textes de García Linera expriment le caractère contradictoire des processus politiques, nous permettant ainsi de penser les faits actuels de la Bolivie.

Ramiro Parodi. Titulaire d’un diplôme en sciences de la communication (Université de Buenos Aires – Faculté de Sciences Sociales). Maîtrise en théories interdisciplinaires de la subjectivité (UBA – Faculté de Lettres et Philosophie). Professeur d´un cours sur théories et pratiques de la recherche en communication (UBA). Membre du Département des études politiques (Centro Cultural de la Cooperación). Chercheur del’Instituto de Investigaciones Gino Germani (IIGG-UBA). Auteur du livre Álvaro García Linera : Una Escritura Incompleta (UNGS, 2019).

 


 

Séminaire Les Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe

Gustavo Chataignier (PUC-Rio, Chercheur invité de l’Institut des Amériques de Rennes)
« Déconstruction et événement dans la poésie de Carlos Drummond de Andrade »
et Guillermo Bialakowsky (FFyL-UBA/PARIS 8)
« L’émergence de la notion d’"impolitique" chez Massimo Cacciari »

Le mardi 3 mars 2020, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine

(217, Boulevard Saint Germain, 75007 Paris)

Avec, en qualité de répondants,
Lorena Souyris Oportot (LLCP, Université Paris 8)

et Gisele Amaya del Bo (Université Paris 13)

 

Résumé de Gustavo Chataignier : Notre but est, grâce à la caractérisation du langage comme instaurateur et détecteur de topos, dans un seul coup coupant et coupé, de nous tourner vers l’œuvre poétique de l’auteur brésilien Carlos Drummond de Andrade. En particulier, il s’agit d’analyser le poème La Machine du monde, paru dans le livre dont voici le titre assez suggestif, Claire énigme (1951). Une énigme peut-elle être « claire » ? En quoi consiste, si on admet le défi du « vers-univers » drummondian*[*l1] , l’exactitude d’une énigme ? Consiste-t-elle en le poème lui-même ? Quels seraient les « impuretés du blanc », pour reprendre un autre titre du poète de la ville d’Itabira, dans la campagne de l’État de Minas Gerais ? On croit que le blanc drummondiand répond à l’espacement absolu posé par une altérité toujours déjà là, et pourtant relancée par l’acte de création poétique. La Machine du monde, une fois reniée comme offrande par le poète en marche et retournée au monde, doit être opaque, et non simplement muette. Déconstruite, pour mieux dire, telle la tradition qui la porte. Bref, la machine n’est que le jeu du poème, en opposition à la raison instrumentale. Ce que l’itabirien nous donne à voir est une « non-présence » ou, encore une « désaprésentation », une bombe désamorcée.

Gustavo Chataignier est enseignant-chercheur à la Pontificale Université Catholique (PUC) de Rio de Janeiro au sein des départements de communication sociale et de philosophie. Chercheur invité à l’Institut des Amériques de Rennes, il y développe sa recherche autour du poète brésilien Carlos Drummond de Andrade (1902-1987), tout en privilégiant une lecture basée sur la déconstruction, la théorie de l’événement et les rapports entre mémoire et histoire.

Résumé de Guillermo Bialakowsky : Dans le contexte de la pensée post-métaphysique de la deuxième moitié du XXe siècle, Massimo Cacciari considère que l’œuvre de Nietzsche est la condition de possibilité pour repenser la notion d’« impolitique » dans le débat philosophico-politique. À travers une confrontation entre Nietzsche et Thomas Mann, la resignification du terme « impolitique » réalisée par Cacciari suppose sa différenciation des concepts d’« apolitique » et d’« antipolitique ». Dans l’objectif d’examiner cette interprétation, il faut éclairer la potentialité que le philosophe vénitien trouve dans le « pensiero negativo  » et sa catégorie de « crise ». Pour Cacciari, il ne s’agit pas de proposer une nouvelle synthèse (toujours menacée par une nouvelle crise) ni de s’arrêter à une crise sans forme finissant par être réabsorbée par un nouveau ré-équilibre. L’auteur cherche plutôt à repenser la structuralité de la crise. Sans point externe pour rendre compte du système, la crise permet de comprendre l’intériorité qu’elle-même traverse. Par conséquent, les questions qui se posent sont les suivants : quelles sont les portées de l’impolitique, si sa perspective se définit par un diagnostic de crise des catégories politiques modernes ? Que signifie son émergence et quelle est sa contemporanéité ? À partir de la généalogie nietzschéenne, Cacciari affirme que la richesse de la perspective impolitique réside dans un point de vue qui traverse et déconstruit la dimension du politique sans se transformer en une vision supra ou anti-politique. En exprimant une position antagonique au politique, l’interprétation de Mann devient ce qu’elle prétend combattre. Pour Cacciari, la perspective impolitique, loin de présenter un dépassement du conflit, conduit le politique à reconnaître le nihilisme qui le constitue. En ce sens, l’impolitique cacciarien rejette toute catégorie de Valeur comme Principe ultime, comme arkhé. Il s’agit au contraire de réaliser une critique des catégories traditionnelles comme condition pour penser ce que celles-ci obturent.

Guillermo Bialakowsky est docteur en philosophie de l’Université de Buenos Aires et de l’Université Paris 8. Il enseigne la métaphysique à la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Buenos Aires. Il est chercheur de l’Institut de Philosophie de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Buenos Aires. Ses travaux portent sur le problème métaphysico-politique de la représentation et l’analyse de ses présupposés historico-temporels, en particulier dans la philosophie post-nietzschéenne. 

 *[*l1]Avec un d à la fin du mot ?

 


 

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