Séminaire. Antidotes aux émancipations normatives. Lectures croisées de Fernand Deligny et d’Ivan Illich 2023-2024

Séminaire annuel 2023-2024
Université Paris 8 | Collège international de philosophie

Antidotes aux émancipations normatives. Lectures croisées de Fernand Deligny et d’Ivan Illich
Éric LECERF et Bertrand OGILVIE

1er semestre :
27 septembre, 4 et 11 octobre, 8 et 15 novembre, 6 et 13 décembre 2023
18h à 21h, salle A028 (Rez-de-chaussée Bât. A)

2ème semestre :
31 janvier et 7 février, 6, 13 et 27 mars, 3 avril 2024
18h/18h45 à 21h, salle A028 (Rez-de-chaussée Bât. A)

6 mars : Emilie HACHE, De la génération, Éd. Les Empêcheurs de penser en rond 
13 mars : Marie PRESTON, Inventer l’école, penser la co-création, Éd Tombolo Presse
27 mars : Projection de Bruit Blanc de Mathilde MONNIER (salle A1-181)
3 avril : Pierre PÉJU, Enfance obscure, Éd. Gallimard
 
Université Paris 8
2, rue de la Liberté - 93200 Saint-Denis
(M° Saint-Denis Université)
 

Avec l’enfance comme horizon de sens, ce séminaire se propose de reprendre le dossier des projets éducatifs émancipateurs perpétuellement ouverts et refermés en cherchant à analyser ce qui expliquerait ce perpétuel ressac. Sans doute le fait que seuls des adultes « bien intentionnés » « se penchent » sur le « problème » de l’enfance n’y est pas pour rien. De ceux pour lesquels elle est un « problème » qu’y a-t-il à attendre sinon le souci, décliné de multiples manières, de le « régler » ? Et de cette « règle », qu’attendre sinon une certaine violence normative, fût-elle dotée des meilleures intentions et adossées à des « anthropologies » qui, pour se croire politiques ou même révolutionnaires, n’en restent pas moins des anthropologies, c’est-à-dire des arrêts sur image conférant à leur objet une fixité de nature qui ne peut que trahir le mouvement irrépressible dans lequel sont pris ces enfants quand on leur accorde de ne pas passer du statut d’objets à celui de sujets comme on tombe de Charybde en Scylla ? La dimension anarchique et l’horizon d’utopie (pris en son sens premier, rebelle à celui que l’idéologie dominante de l’efficacité lui confère d’irréalisable) dans laquelle aussi bien Deligny qu’Illich s’inscrivirent délibérément devraient nous permettre d’élaborer une critique des doctrines et des visées impériales qui se donnent des allures de radicalité et de porter le fer au cœur des apories entretenues des établissements d’enseignement, des institution de soin, des secteurs de l’éducation et de la rééducation en général. Le malaise y est si patent, si étendu et si scandaleusement manipulé par les pouvoirs de toutes sortes et de tout niveau qu’on ne peut qu’y voir un enjeu majeur des sociétés modernes, la boîte noire de leur reproduction à l’identique, le secret de Polichinelle de leur mépris de l’humain. Court-circuitant le discours spécialisé, administratif, pédagogique et pseudo-scientifique qui prétend avoir la mainmise sur le monde de l’enfance, on cherchera les moyens de donner la parole à celui qui, soi-disant ne parle pas encore, l’infans.

Indications bibliographiques :
Fernand Deligny, Les vagabonds efficaces & autres récits, Paris, Maspero, 1975.
Fernand Deligny, Les enfants et le silence, Paris, Galilée, 1980.
Fernand Deligny, Cartes et lignes d’erre, Paris, l’Arachnéen, 2013.
Fernand Deligny, Lettres à un travailleur social, Paris, l’Arachnéen, 2017.
Ivan Illich, Une société sans école, Paris, Seuil, 1971.
Ivan Illich, Le genre vernaculaire, Paris, Seuil, 1983.
Ivan Illich, ABC, L’alphabétisation de l’esprit populaire, Paris, La Découverte, 1990.
Ivan Illich, La perte des sens, Paris, Fayard, 2004.