Séminaire. Le tour des autres. Philosophie et anthropologie décoloniale 2024-2025
Séminaire 2024-2025
Le tour des autres. Philosophie et anthropologie décoloniale
1ère séance
Vendredi 8 novembre 2024 à 14h
Salle des commissions, Espace Deleuze (Bâtiment A)
Université Paris 8
2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis (M° Saint-Denis Université)
Jean-Christophe Goddard
Rencontre autour de l’ouvrage Ce sont d’autres gens : contre-anthropologies décoloniales du monde blanc (Wildproject, 2024)
Les sociétés confrontées au choc permanent de la violence coloniale ont, depuis cinq siècles, développé un savoir critique du monde blanc. Inversant le sens de l’ethnologie européenne des mondes indigènes, ce savoir a pris la forme d’une anthropologie, orale et performative, portant sur ces étrangers singuliers, ces « autres gens » que sont, pour les colonisés, les Européens.
En mobilisant notamment la pensée de l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, du philosophe camerounais Fabien Eboussi Boulaga, du chaman yanomami Davi Kopenawa et de l’écrivain congolais Sony Labou Tansi, Jean-Christophe Goddard explore certaines des formes, anciennes et contemporaines, qu’ont prises en Amazonie et en Afrique centrale ces anthropologies inversées.
Il en montre la puissance critique radicale pour penser au présent la possibilité d’un autre monde que celui dont le capitalisme colonial occidental nous impose l’héritage.
Séance mutualisée avec le séminaire Anthropologie décoloniale 2024-2025 (Université de Séoul)
2ème séance
Jeudi 20 février 2025, à 14h
Salle A3-329 (Bâtiment A)
Université Paris 8
2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis (M° Saint-Denis Université)
Victor Guillon
Dialogue des deux Horizons : Suicide moderne et espoirs animistes
Victor Guillon a enseigné la philosophie dans des lycées des quatre coins de l’Hexagone, ainsi qu’en milieu carcéral. Passionné par l’Amazonie depuis ses premiers voyages en terre indienne à l’âge de vingt ans, il réalise en parallèle des documentaires sur les cultures de la Grande Forêt, tels que ONIBO : Pérou, de la jungle urbaine à la jungle amazonienne, un long-métrage sur la situation du peuple Shipibo (Lionfish, 2018). Ses recherches en terres animistes qu’il poursuit sur d’autres continents et prolonge sur le plan académique à chaque retour en France, renforcent son intérêt pour les mystères du végétal dans ses forêts d’enfance. Il quitte temporairement les salles de cours pour s’installer deux ans dans une ferme de plantes médicinales dans les Alpes, avant de revenir devant les lycéens à Toulouse, où dix-huit années d’écriture sont finalement rassemblées sous la forme d’une thèse sur travaux, bientôt soutenue à l’Université Jean Jaurès pour le doctorat de philosophie, sous la direction de J.-C. Goddard. Ce projet intitulé Dialogue des deux Horizons : Suicide moderne et espoirs animistes, se situe à la croisée de l’anthropologie, de l’épistémologie, de la métaphysique et de la philosophie morale. Il sera au centre de nos échanges lors de cette séance.
3ème séance
Vendredi 16 mai 2025, à 10h
Salle A-229 (Maison de la recherche)
Université Paris 8
2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis (M° Saint-Denis Université)
Julio Andrés Camarillo Quesada
Le cosmohumanisme mesoaméricain
Docteur en philosophie politique de l’Université Paris Cité, Julio Andrés Camarillo Quesada a consacré sa recherche de thèse aux formes de gouvernementalité au Mexique, à travers une lecture critique de l’histoire de l’anthropologie appliquée. Il y a analysé notamment la façon dont les savoirs anthropologiques ont contribué à façonner des programmes d’intervention sur les populations autochtones, programmes qui se poursuivent aujourd’hui sous d’autres formes, notamment à travers les politiques néolibérales de gestion de la diversité culturelle. Nourries des travaux de Michel Foucault, ses recherches contribuent à une lecture politique de l’histoire des sciences, en croisant les problématiques de la société de contrôle et de la cybernétique aux réflexions issues de la philosophie de la technique.
Son intervention fera état d’un projet de recherche postdoctoral visant à interroger un fond commun aux peuples mésoaméricains à partir duquel penser une métaphysique cosmo-humaniste. En s’appuyant sur une analyse iconographique des objets archéologiques – seuls témoins partiellement épargnés par les médiations coloniales – Julio Andrés identifie la persistance, sur près de deux millénaires, d’une figure humaine ambivalente, traversée par des forces cosmiques opposées. Cette coextension entre l’homme et le cosmos, qui rappelle certains schèmes amazoniens ou européens pré-modernes, se voit rompue au XVIIIe siècle avec l’avènement d’un humanisme séparant radicalement nature et humanité. Son travail s’inscrit dans une tentative contemporaine – post-humaniste – de redécouvrir cette ontologie cosmohumaniste, dans l’espoir qu’elle éclaire, aujourd’hui, un autre ethos.
Co-organisation :
Lucas Echeverry, Zoé Mary-Roulier, Antonio Rodriguez Cruz, Luis Tovar, Guillaume Sibertin-Blanc.