Séminaire. Memostasis. Lire et écrire les guerres civiles. Réflexions épistémologiques et méthodologiques 2025-2026

Séminaire 2025-2026 du programme MEMOSTASIS
Lire et écrire les guerres civiles
Réflexions épistémologiques et méthodologiques

 

Soutenu par Paris Lumières Alliance, le programme de recherches MEMOSTASIS (Université Paris Nanterre / Université Paris 8), transdisciplinaire (littérature, philosophie, histoires) et trans-séculaire réfléchit à l’écriture et à la mémoire des guerres civiles.
À la suite des échanges du colloque interdisciplinaire international « Frontières de la guerre civile » (15 et 16 mai 2025, Campus Condorcet), l’équipe de MEMOSTASIS a choisi de consacrer son prochain séminaire bisannuel 2025-2026 à une réflexion méta-critique, épistémologique et méthodologique sur le point de vue des chercheuses et chercheurs qui travaillent sur les guerres, les conflits et leurs violences :
D’où parlons-nous ? Comment appréhendons-nous l’actualité de notre recherche ? Quelle ligne de crête entre objectivité et subjectivité ? Est-il souhaitable (ou même possible) de résister aux injonctions passionnelles propres au sujet martial ? Quels sont les enjeux et les apports de la trans-sécularité ? Comment pratiquer la décontextualisation ?
On propose aux intervenants de se livrer à un retour réflexif sur leurs propres pratiques afin de les mettre en débat et de susciter une analyse collective de nature transdisciplinaire.

Genèse et objectifs de MEMOSTASIS : Depuis une vingtaine d’années, la guerre civile fait l’objet d’une nouvelle problématisation philosophique grâce à l’analyse du concept de stasis (Loraux, Agamben, Grangé). Or, de leur côté, l’historiographie et les études littéraires abordent toujours la question en fonction de conflits et de segments chronologiques déterminés (guerres de Religion, Commune, guerre d’Espagne, décolonisations...), de distinctions génériques acquises (prose, poésie, témoignage, écrits de soi, etc.) et de problématiques identifiées (politique, religion, genre, etc.). Dans tous les cas, les études se fondent sur une définition présupposée de ce qu’est la guerre civile, héritière de la tradition latine et conforme à l’acception commune.
MEMOSTASIS souhaite transformer le sujet, paradoxalement instable, de la guerre civile en objet d’étude transdisciplinaire à partir des textes. Il postule que les instruments de l’analyse littéraire peuvent contribuer à penser le phénomène en termes de représentation, de narration, de fictionnalisation et de figuration, bref d’interprétation. Il s’agit donc de généraliser l’herméneutique textuelle à toutes sortes de textes, littéraires ou non, afin de lire toute production textuelle relative à la guerre civile. Pour le dire encore autrement, l’objectif est de faire de l’étude discursive et textuelle un moteur d’intelligibilité de la guerre civile.
Par son ouverture chronologique et disciplinaire, le projet veut analyser les rapports étroits entre l’événement, la langue et le concept afin de saisir les processus par lesquels les acteurs sociaux (individuels et collectifs) peuvent se reconnaître comme étant ou ayant été en guerre civile, et devenir auteurs concernant une guerre civile dont ils ont fait ou non l’expérience. Dans ce cadre, MEMOSTASIS entend réfléchir aux écritures littéraire, philosophique et historienne.
Sur la base d’une interlocution tri-disciplinaire, le programme affirme sa perspective transdisciplinaire. Plutôt que convoquer un regard intra ou interdisciplinaire sur des corpus génériques préalablement identifiés, il articule la littérature et la philosophie à l’histoire pour penser des catégories transversales inhérentes à l’objet lui-même (violence, pouvoir, voisinage, filiation, transgression, adversité, passion, eschatologie etc.).
Enfin, MEMOSTASIS construit son objet et son corpus en même temps qu’une analyse réflexive sur sa propre transdisciplinarité.

Porteuses du projet : Mathilde Bernard (littérature française, Université Paris Nanterre) Laurence Campa (littérature française, Université Paris Nanterre) Ninon Grangé (philosophie, Université Paris 8).

 

Séance n° 1 : 3 novembre 2025, 14h-17h
Campus Condorcet
(8 cours des Humanités, 93322 Aubervilliers), salle 0.006 du bâtiment de Recherche Nord
Histoire / Philosophie : dialogue autour de la temporalité

Intervenants :
Judith Lyon-Caen (historienne, directrice d’études à l’EHESS), « Sur le seuil de la transmission : histoire, littérature, mémoire »
Olivier de France (directeur de recherche à l’IRIS, chercheur en sciences politiques à l’université d’Oxford), « Un miroir inégal de la nature : étudier la guerre et la paix chez Spinoza »

 

À venir, en avril 2026 : Littérature / Histoire : dialogue autour de la distance éthique et critique.