Séminaire. Panser la biosphère et la technosphère dans l’Entropocène : entropies, économies, écologies, technologies 2022-2023

Panser la biosphère et la technosphère dans l’Entropocène :
entropies, économies, écologies, technologies

Séminaire de recherche transdisciplinaire
Septembre 2022 – Juillet 2023

Université Paris 8, Université de Silésie, Université Georgetown, Université Cattolica Milano, Université de Hong Kong, Université Stellenbosch

 
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Organisation : Anne Alombert (Université Paris 8, Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie), Chiara Giaccardi and Mauro Magatti (Universita Cattolica Milano, Centre for the Anthropology of Religion and Cultural Change), Gaël Giraud (Georgetown University, Environmental Justice Program), Michal Krzykawski (University of Silesia in Katowice, Centre for Critical Technology Studies), Yuk Hui (City University of Hong Kong, School of Creative Media), Mark Swilling (Stellenbosch University, Sustainability Institute), Daniel Ross.
 
Nous vivons aujourd’hui dans l’Anthropocène, une époque géologique tristement nouvelle en cela que, sous l’effet des activités humaines, une dérégulation critique s’opère, non seulement de la biosphère mais de la Terre, désormais décrite comme un système complexe. L’homme occidental moderne, qui a transformé la biosphère par ses activités exosomatiques devenues techno-scientifiques et hyperindustrielles, n’est certainement plus « comme maître et possesseur de la nature » : au contraire, c’est désormais la technosphère, comme système d’interconnexion planétaire fondé sur des infrastructures satellitaires, qui exploite les vies psychiques et sociales des individus, devenus les éléments (les données) de systèmes techniques ubiquitaires et réticulés.
Dans son dernier livre intitulé Bifurquer, co-écrit en 2020 avec le collectif Internation, le philosophe Bernard Stiegler proposait de comprendre cette ère Anthropocène comme une ère Entropocène, c’est-à-dire, comme un processus d’augmentation des taux d’entropie sous toutes ses formes : entropie thermodynamique, comme dissipation de l’énergie, entropie biologique, comme destruction de la biodiversité, et entropie psycho-sociale, comme réduction des savoirs collectifs à des calculs informationnels. Un tel diagnostic ne repose plus sur l’opposition traditionnelle entre une humanité technicienne et une nature originaire. Il implique au contraire d’interroger les liens entre, d’une part, l’épuisement des ressources, la destruction des écosystèmes et la réduction de la biodiversité, sous l’effet du capitalisme extractiviste fondé sur l’exploitation des énergies fossiles, et d’autre part, la disruption des institutions, la destruction des cultures et la réduction de la noodiversité, sous l’effet du capitalisme computationnel fondé sur l’exploitation des données numériques.
Dans une telle situation, les questions écologiques et technologiques ne peuvent plus être dissociées : une approche transversale semble nécessaire, qui fasse dialoguer les sciences dites « naturelles » et les sciences dites « sociales » ou « humaines » (c’est-à-dire, les sciences du système Terre, les sciences environnementales, la biologie, l’économie, l’histoire, le droit, la théorie politique, la philosophie des techniques, etc.) en mettant la question de l’entropie au coeur du débat. En effet, depuis le début du XXème siècle, le « concept si prodigieusement abstrait d’entropie » fait problème : depuis la physique thermodynamique jusqu’à la pensée complexe, en passant par la biologie puis par la théorie de l’information et l’économie, les malentendus n’ont cessé de se multiplier au sujet de l’entropie. Et pourtant, dans le contexte de l’Entropocène, une compréhension interscientifique de cette question est requise, qui l’envisage non seulement du point de vue de la physique thermodynamique, mais aussi du point de vue de l’écologie, de la biologie, de l’anthropologie, de la technologie, des sciences sociales, économiques et politiques - c’est-à-dire, qui envisage les enjeux de l’entropie pour les écosystèmes naturels, pour les organismes vivants, pour la forme technique (et humaine) de la vie et pour les organisations collectives.
Ce séminaire tentera d’amorcer une discussion transdisciplinaire autour de ces questions, qui permette à la fois de clarifier les enjeux épistémiques sous-jacents, de mieux comprendre la crise multidimensionnelle de l’Entropocène, et surtout, d’ouvrir des perspectives nouvelles pour dépasser la situation contemporaine.
 
 
PROGRAMME
 
Le séminaire aura lieu en ligne une fois par mois à 16h (CET).
 
20 Septembre 2022 – L’économie contributive dans l’Entropocène
Anne Alombert et Michal Krzykawski
 
10 Octobre 2022 – L’entropie, l’anti-entropie et le vivant
Giuseppe Longo
 
22 Novembre 2022 – Supersociété et générativité sociale
Chiara Giaccardi et Mauro Magatti
 
20 Decembre 2022 – Les enjeux de l’économie écologique : vers une croissance durable ?
Mario Giampietro et Gaël Giraud
 
24 Janvier 2023 – Economie des flux et économie des communs
Gaël Giraud et Mark Swilling
 
21 Février 2023 – Du carbone au silicium : repenser la technosphère et la noosphère
Dan Ross et Pieter Lemmens
 
21 Mars 2023 – Flux de matière et flux d’énergie : quelle transition pour l’Anthropocène ?
Olivier Vidal et Marina Fisher-Kowalski
 
18 Avril 2023 – Entropie et information dans la cybernétique et l’intelligence artificielle
Yuk Hui et David Bates
 
22 Mai 2023 – The politics of energy : fossil fuels, thermodynamics and petro-masculinity
Cara Daggett
 
20 Juin 2023 – Energie libidinale et entropie psychique
Morten Nissen et Gerald Moore
 
11 Juillet 2023 – Vers une critique pharmacologique du Capitalocene
Paolo Vignola et Sara Baranzoni
 
 
Reconsidering the Biosphere and the Technosphere in the Entropocene
Entropies, Economies, Ecologies, Technologies
 
Transdisciplinary Research Seminar Series
September 2022 – July 2023
 
Paris 8 University, University of Silesia, Georgetown University, Universita Cattolica Milano, City University of Hong Kong, Stellenbosch University
 
 
Organization : Anne Alombert (Université Paris 8, Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie), Chiara Giaccardi and Mauro Magatti (Universita Cattolica Milano, Centre for the Anthropology of Religion and Cultural Change), Gaël Giraud (Georgetown University, Environmental Justice Program), Micha ? Krzykawski (University of Silesia in Katowice, Centre for Critical Technology Studies), Yuk Hui (City University of Hong Kong, School of Creative Media), Mark Swilling (Stellenbosch University, Sustainability Institute), Daniel Ross.
 
The Anthropocene is a new geological epoch in which human disturbances are having an impact, not only on the biosphere, but on the whole Earth, understood as a complex system (Hamilton 2014 ; Hamilton, Grinevald 2015). Confronted with the Anthropocene, modern humans, who have through their exosomatic (and now hyper-industrial) activities transformed and harmed the biosphere, are certainly no longer “masters and possessors of nature” as famously described by Descartes : on the contrary, it is now the technosphere itself, as a planetary network of technical systems, that seems to occupy the driver’s seat, and on many interrelated scales.
In Bifurcate : “There is No Alternative”, a book edited by philosopher Bernard Stiegler with the Internation Collective (2021), it is claimed that the Anthropocene can be termed an Entropocene, as it corresponds to increasing rates of entropy production in all its forms : thermodynamic entropy (the degradation of energy), biological entropy (the reduction of biodiversity), informational entropy (the reduction of knowledge to information, the incalculable to the calculable, which incidentally gives rise to negative effects that can themselves be defined as psychic and social entropies). Departing from the opposition between technological humankind and nature, Stiegler’s diagnosis encourages us to reconsider the relationship between various phenomena found in the technosphere : on the one hand, the depletion of resources, the destruction of ecosystems and the reduction of biodiversity under the effect of extractivist capitalism based on the exploitation of fossil fuels ; on the other hand, the disruption of institutions, the destruction of cultures and the reduction of noodiversity under the effect of computational capitalism based on the exploitation of data.
In such a context, the challenges of achieving ecological and technological transitions can no longer be addressed separately. Instead, a transversal approach to these overlapping phenomena is required : different modes of understanding must be brought together, beyond the rift between “hard” and “soft” sciences, in order to bring the question of entropy into focus in the context of the Anthropocene-cum-Entropocene. Since the beginning of the 20th century, “that eminently abstract concept of entropy” has proved to be problematic and posed many theoretical difficulties : from thermodynamics in physics, as well as in biology, information theory and economics, and up to complex systems science, a series of misunderstandings seems to have shaped the interpretation and understanding of this concept. Given our current situation, an interscientific understanding of entropy should be adopted, aiming at a reconsideration of its meaning and significance, not only from a thermodynamic viewpoint grounded in physics, but also in relation to perspectives emerging from ecology, theoretical biology, anthropology, technology, sociology, economics and political theory.
This seminar series seeks to encourage an interscientific debate on entropy with the aim of :
1. shedding new light on the underlying epistemic issues related to the interpretation of this concept,
2. offering a transdisciplinary understanding of the multidimensional ecological
3. opening new perspectives for the future of/in the “entropocenic” technosphere.
 
 
PROGRAM
 
The seminar will take place online one’s a month at 4 pm (CET).
 
20 September 2022 - Contributory Economy in the Entropocene
Anne Alombert and Michal Krzykawski
 
10 October 2022 - Entropy, Anti-entropy and the Living
Giuseppe Longo
 
22 November 2022 - Supersociety and Social Generativity
Chiara Giaccardi an Mauro Magatti
 
20 December 2023 - Challenges of Ecological Economics : Towards a Sustainable Growth ?
Mario Giampietro and Gaël Giraud
 
24 January 2023 - Flow economy and economy of the commons in the Age of Sustainability
Gaël Giraud and Mark Swilling
 
21 February 2023 - Carbon and Silicon. Reframing the Technosphere and the Noosphere
Dan Ross and Pieter Lemmens
 
21 March 2023 - Energetic Transition : Matter and Energy Flows in the Anthropocene
Olivier Vidal and Marina Fisher-Kowalski
 
18 April 2023 - Entropy and Information in Cybernetics and AI
Yuk Hui and David Bates
 
22 May 2023 - The politics of energy : fossil fuels, thermodynamics and petro-masculinity
Cara Daggett
 
20 June 2023 - Towards « Sustainable Selves » : Libidinal Energy and Psychic Entropy
Morten Nissen and Gerald Moore
 
11 July 2023 - Towards a Pharmacological Critique of the Capitalocene
Paolo Vignola et Sara Baranzoni