Yango 2020. Conférence d’ouverture de la Biennale de kinshasa 09.09.2019
9 septembre 2019
YANGO 2020
Conférence d’ouverture de la Biennale de Kinshasa
L’association de la Biennale Yango a le plaisir de vous convier à la conférence d’ouverture de sa deuxième édition, lundi 9 septembre 2019 à 11 heures au Mont des Arts - Centre d’Art et de Culture de Kinshasa, en présence du directeur artistique, Sinzo Aanza et des deux commissaires d’exposition, Nadia Yala Kisukidi et Sara Alonso Gómez.
Adresse :
16, avenue du Mont des Arts
Commune de la Gombe
Kinshasa, République démocratique du Congo
Dans un souci de transdisciplinarité et inspiré par le projet Zone Neutre, lequel expérimente, dans le contexte de Kinshasa, la rencontre entre des chercheurs extérieurs au domaine de l’art et des artistes contemporains désireux d’un dialogue susceptible d’élargir le champ théorique de leurs créations, Yango prend l’option d’associer une chercheuse et universitaire et une commissaire d’expositions et chercheuse, avec l’ambition de définir avec elles, à travers des ateliers en amont de la biennale, des pistes sur une nouvelle manière de proposer de l’art à la ville de Kinshasa. Pour son édition de 2020, la biennale a le grand honneur d’annoncer ses commissaires : Nadia Yala Kisukidi et Sara Alonso Gómez.
Nadia Yala Kisukidi est maîtresse de conférences en philosophie à l’Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis, membre du Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie (LLCP), Nadia Yala Kisukidi a été Vice-Présidente du Collège International de Philosophie (2014–2016) où elle est directrice de programme depuis 2013. Ses travaux portent sur la philosophie française du XXe siècle, la philosophie de la religion et les pensées africaines. Elle étudie les notions d’humanisme et d’universalisme et leur répercussion dans le contexte colonial, repris dans une perspective critique selon plusieurs axes : historique, éthique et politique notamment. Elle a participé aux deux éditions des Ateliers de la pensée, organisés par Achille Mbembe et Felwine Sarr à Dakar en 2016 et 2017 et, en tant que formatrice, à leur école doctorale en 2018.
Sara Alonso Gómez est historienne de l’art, commissaire d’expositions et chercheuse dans le domaine de l’art contemporain, Sara Alonso Gómez est membre du Laboratoire Centre d’Études et de Recherches Interdisciplinaires en Lettres, Arts et Cinéma à l’Université Paris Diderot (FR) et chercheuse invitée à l’Université de Berne (CH). Ses recherches portent sur la question de la « désobéissance artistique » et ses formes d’existence aujourd’hui face aux injonctions de l’ère globale. A la lisière entre l’art et le politique, ses projets curatoriaux multimédia développent depuis une dizaine d’années une perspective transdisciplinaire et transglobale. Après avoir co- dirigé cinq ans durant la programmation artistique à la Fondation Ludwig de Cuba, elle a opté pour la profession de commissaire indépendante ; à ce titre, ses expositions ont été présentées dans des institutions prestigieuses telles que le Museo Nacional de Bellas Artes de Cuba (MNBA), le Museo de Arte Contemporáneo à Buenos Aires (MACBA), le Museu de Arte Moderna à Rio de Janeiro (MAM Rio), la Maison Européenne de la Photographie (MEP) et le Centre national édition art image (Cneai) à Paris, le Centre d’art contemporain de Bruxelles (CAB), ainsi que dans des biennales, comme celle de La Havane (Xe, XIe, XIIe éditions) et celle de Lyon (14e édition). Alonso Gómez conseille Uprising Art, la plateforme d’études et de promotion de l’art des Caraïbes ; elle est également fondatrice de Calle C, programme de résidences croisées d’artistes et de chercheurs des Caraïbes et d’Afrique centrale. Elle est membre de l’Unión Nacional de Escritores y Artistas de Cuba (UNEAC), de l’International Association of Curators of Contemporary Art (IKT), et du Latin American Center Zurich (LZZ).
« Reprendre » : j’utilise ce mot comme image de l’art africain actuel. Je l’entends d’abord dans le sens de renouer avec une tradition interrompue ; renouer, non pas sous l’impulsion d’un désir de pureté, ce qui ne témoignerait qu’en faveur de l’imagination d’ancêtres disparus, mais bien d’une façon qui reflète les conditions d’aujourd’hui.
« Reprendre » suggère ensuite l’idée d’un recouvrement, d’une appropriation méthodologique : le travail de l’artiste commence en effet par une évaluation des outils, des moyens et des fins de l’art au sein d’un contexte social transformé par le colonialisme, par des courants plus récents, les influences, les modes qui arrivent de l’extérieur. « Reprendre » implique enfin une pause ou un ressaisissement, une méditation, une réflexion portant sur l’acte de renouer et de recouvrer.
V.Y. MUDIMBE, « Reprendre ». Enonciations et stratégies dans les arts africains contemporains, 1992
Yango Biennale revient avec une nouvelle formule. La biennale va discuter des nouvelles voies pour l’art avec la ville de Kinshasa, dont l’immensité géographique et symbolique est le miroir de l’immensité du Congo lui-même, en tant que territoire physique et imaginaire, fantasmé et répulsif, écrasant et désiré. Son énergie créatrice et sa vitalité inépuisable sont un cadre idéal pour la création artistique dont la ville est connue comme un des viviers sur le continent africain. Marquée par des années de colonisation, de dictature et de guerres civiles dites d’exploitation de ressources minérales, Kinshasa, où la vie demeure précarisée dans une large mesure, porte les strates de sa mémoire tumultueuse à fleur de peau, comme si la ville, à travers l’attitude des corps, la danse, la musique et de tonitruantes prises de parole, voulait marquer l’instant, chaque instant, car l’instant est le seul lieu où l’évidence pour soi-même est possible.
Animé par le concept mudimbien de « reprendre » et considérant les espaces traditionnels de présentation des arts dans la ville de Kinshasa comme un prolongement stérile des usages de la société industrielle répliquée dans les colonies avec le divertissement ouvrier d’une part et les cercles pour cadres européens d’autre part, ce projet entend, à travers des ateliers, des discussions et de l’expérimentation, ouvrir la voie à de nouvelles façons de présenter de l’art, de proposer les créations d’artistes dans/à la ville. Ceci en considérant les enjeux démographiques, environnementaux et sociaux dans la ville, mais aussi les cultures locales de représentation telles qu’en témoignent différents objets dits ethnologiques produits dans la région et collectionnés à travers le monde. Yango se considère donc comme un événement négociant l’espace pour l’imagination créatrice dans ce contexte d’apartheid racial devenu par la suite un apartheid des pouvoirs politique et économique pour finir en apartheid des moyens de l’imaginaire.
Yango 2020
Biennale de Kinshasa
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