Colloque. En finir avec les Grecs ? Nicole Loraux : le travail de l’œuvre 30.05-1.06.2023
Colloque autour de l’œuvre de Nicole Loraux organisé avec le soutien d’ANHIMA et du Collège international de philosophe organisé par Céline Hervet (Université de Picardie Jules Verne) et Vincent Azoulay (EHESS).
En finir avec les Grecs ? Nicole Loraux : le travail de l’œuvre
Mardi 30, mercredi 31 mai et jeudi 1er juin 2023
Salle Vasari, INHA
Programme (PDF)
S’inscrivant dans le champ de l’anthropologie historique de la Grèce ancienne aux côtés de celles de Marcel Detienne, Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet, l’œuvre de Nicole Loraux (1943-2003) a connu un retentissement qui dépasse les mondes disciplinaires et leurs cloisonnements. Dialoguant avec les penseurs majeurs de la seconde moitié du XXe siècle en philosophie (Foucault, Derrida, Lyotard, Lefort, Castoriadis, Rancière, Abensour) et en sciences humaines (Lévi-Strauss, Clastres, Benveniste, Lacan, Michel de Certeau), théorisant l’anachronisme en histoire, elle offre l’exemple d’une œuvre profondément indisciplinée et turbulente. Historienne de l’imaginaire grec tel qu’il s’invente dans des paroles dont bruissent des textes qu’il faut savoir écouter, Nicole Loraux entendait restituer à l’histoire sa part d’affect. Le tableau vivant qui s’en dégage interpelle d’autant plus la philosophie que celle-ci revendique son enracinement dans les humanités, dans un « miracle grec » avec lequel Nicole Loraux recommandait dès 1980 d’« en finir ». Il y a dans son œuvre un effort d’archéologie et de déconstruction des assimilations identitaires dont la fécondité reste encore à mesurer aussi bien en histoire qu’en philosophie. Comment ne pas relire tout autrement, par exemple, les textes d’une première modernité hantée par les anciens ? Si Machiavel, Hobbes, Spinoza ou encore Rousseau opèrent une rupture avec les conceptions antiques, ils héritent également d’une certaine vision de la pratique démocratique sans ce que ces jeux d’opposition, d’occultation et d’exclusion ne soit clairement énoncés, ils sont comme nous autres contemporains, tributaires de récits dont il s’agit d’exhiber les ressorts plus ou moins conscients. Ce colloque anniversaire se veut, plus qu’un hommage, un examen et un inventaire des travaux que cette œuvre inclassable a produit en histoire, en philosophie, en études de genre, en anthropologie, de ce à quoi elle a donné naissance « hors d’elle » au cours des vingt dernières années.