Colloque international. De la modernité au contemporain : art et politique 9-10.05.2019
Sofia (Bulgarie)
9-10 mai 2019
DE LA MODERNITÉ AU CONTEMPORAIN
ART ET POLITIQUE
L’avènement de la modernité artistique, entendue au sens large de la fin de l’âge classique, avec son axiologie, a pu coïncider avec ce qui a largement été commenté comme une forme de démocratisation de l’art. L’expression, discutée ou critiquée (notamment sous l’espèce de l’industrie culturelle) a eu au moins le mérite de mettre en rapport la sphère du politique et de l’artistique, à partir d’un moment historique, où la notion même de l’art devient le lieu d’une interrogation nouvelle.
Par art on entendra ici non seulement les arts, au sens large, impliquant aussi la littérature (comme art du langage) mais aussi et plus essentiellement l’art comme problème, comme lieu d’une interrogation portant sur l’invention de la valeur (comme œuvre) dans ses relations multiples avec sa reconnaissance sociale. Cependant, plutôt que d’indexer l’art sur le politique, selon la modalité traditionnelle de l’art engagé, on cherchera à s’interroger, dans ce colloque, sur les possibles lieux du politique produits par l’art comme tel, sur la capacité ou l’efficience politique de l’art, dans le cadre particulier de la modernité et de l’art contemporain. Dans un tel cadre, l’ordre esthétique dans lequel s’inscrivent les œuvres ne leur préexiste plus, mais procède peut-être de leur invention même, mettant en jeu des critères inédits à partir desquels elles deviennent pensables. L’art contemporain et les querelles qu’il suscite constitue à ce titre un lieu de réflexion privilégié, dans la mesure où il problématise la valeur (n’est-ce plus de l’art, est-ce encore de l’art, déjà une nouvelle forme d’art ?) en rapport avec les valeurs en usage (comme critères de jugement) dans une société.
Un tel cadre conduit à revenir sur les différentes conceptions de la modernité et du contemporain, et notamment sur les notions connexes telles que le post-moderne ou l’hyper-moderne. Il invite aussi à réfléchir, d’une part sur la relation spécifique de l’art au présent, sur le mode de la co-temporalité du contemporain, et d’autre part sur le rapport de l’individu au collectif, comme mise en tension de la valeur (artistique) et des valeurs (sociales, culturelles), constituant autant de manière de voir, de sentir, d’entendre ou de penser. Si l’art ne saurait se dissocier du contexte dans lequel il prend place et agit, son rapport au présent se laisse peut-être aussi appréhender comme celui d’un contre-temps, d’une intempestivité à la faveur de laquelle il se réalise sur le mode critique de l’utopie. Cette dynamique critique, en problématisant la notion même d’art, invente peut-être des régimes de visibilité, des manières de voir, de lire ou de penser qui, constituant un public à venir, conduisent peut-être aussi à penser ou à repenser le politique. Ce colloque se fixe pour objectif d’essayer d’en mesurer et d’en comprendre les enjeux.
Programme
9 mai
Institut français de Bulgaire, place Slaveikov (matin)
Université de Sofia, salle théâtrale (après-midi)
9:00 : Inauguration du colloque
9:30 - 12:30 : L’art et la visibilité du social / modérateur : Vassil Vindinski
- Paul Ardenne, Fighting (wo)men in the streets
- Haralambi Panicidis, Révolution et littérature
- Dimitar Bojkov, Art et histoire. Régimes de visibilité
- Ognian Kassabov, Partage du sensible et division du travail
14:00 - 16:45 : Réflexions sur le contemporain / modérateur : Haralambi Panicidis
- Oana Soare, Trois concepts : le présentisme de Hartog, l’inactuel d’Agamben, le contemporain de Ruffel
- Darin Tenec, Au-deça du partage du sensible
- Patrick Vauday, En quel sens l’art peut-il être contemporain ?
- Alexandru Matei, Penser le contemporain en Europe de l’Est
16:45 - 17:30 : Table ronde sur Exils de Kudelka coordonnée par D. Bojkov, participants : P. Ardenne, P. Vauday, K. Gadjeva
10 mai
BAN, Institut d’ethnologie et de folklore avec le musée, salle 19
10:00 - 13:00 : L’art et son milieu / modérateur : Darin Tenev
- Gérard Desson, Qu’est-ce qu’un public ?
- Stéphane Douailler, Le spectateur et la communauté des traducteurs. Localisations ranciériennes de l’émancipation
- Kamelia Spassova, Le réalisme moderne contre le modernisme. Todor Pavlov et Issac Passy sur la mimesis
- Vassil Vidinky, Le réalisme contemporain et l’affaiblissement du fictionnel
14:00 - 17:00 : Scènes du moderne et du contemporain / modératrice : Kamelia Spassova
- Peter Goranov, Moderne ou contemporain. Essai d’un énoncé sur "l’éternité" du moi
- Savina Petrova, Sirènes ou canibalisme. La transition impossible entre l’homme et l’animal dans "The Lure"
- Snéjana Dimitrova, Le cas Pain Levé. À propos des films dissidents de George Stojanov qui n’appartient pas à la dissidence politique (1968-2000)
- Fabienne Brugère, Est-ce qu’il existe une modernité dans l’art contemporain. De Baudelaire à Ai Weiwei
17:00 - 18:00 : Table ronde Trajectoires de l’art contemporain coordonnée par N. Moskovska, participants : R. A. Dormeuil, K. Tersiev, A. Vaseka, K. Vassilev.