Séminaire. Dialogues philosophiques.
 Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe 2023-2024

Le séminaire Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe

 
Conférence de
Ana Paula Penchaszadeh
(Université de Buenos Aires/CONICET/UNSAM)
Pour une hospitalité élargie en clé amérindienne
 
En dialogue avec
Manola Antonioli (Université Paris Nanterre)
Marc Crépon (ENS Ulm)
Pauline Vermeren (Ciph/Université Paris Cité)
 
Mardi 7 mai 2024, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine
217 Bd Saint Germain, Paris 7e
Métro Solférino

 
Lien ZOOM pour suivre la séance à distance :
https://u-picardie-fr.zoom.us/j/97164825161
 
Cette communication se propose d´offrir une perspective différente de l’hospitalité, en tant que moment spécifique et intensif d’un être par définition pluriel, tissé dans la Relation, le mouvement et le devenir. Pour jouer différemment le lien espace-temps impliqué dans la migration, le voyage, l’arrivée et l’accueil, elle abordera, dans un premier temps, la tradition indo-européenne de manière critique, en montrant comment la problématique générale de l’hospitalité a été enfermée dans les limites du don sacrificiel et de l’économie violente de l’identité/différence. Dans un deuxième temps, elle se tournera vers une autre façon de penser l’accueil, qui suppose l’altération et l’implication mutuelles de l’être-avec-autrui du nous-autrui, à partir des scènes amérindiennes qui constituent notre façon particulière de consteller le social.
Certes, il ne s’agit pas de rectifier un processus raté de conceptualisation de l’hospitalité, mais d’ouvrir de nouvelles significations, de dépasser le désir de dialectiser la pensée de l’accueil, c’est-à-dire de « faire place » en même temps, rhizomatiquement, à l’Un et à l’autre, à des altérités et des alternances, capables de résister au désir de souveraineté, au désir de frontière, de différence et, en définitive, à celui d’identité. Insister sur une autre forme d’hospitalité, d’accueil, n’implique pas d’éliminer ou de déplacer le problème de l’hostilité : il est nécessaire, nous insistons, d’éviter la tentation de hiérarchiser les expériences d’hospitalité, surtout en supposant qu’elles peuvent supprimer les perplexités des processus d’identification/différenciation, d’altération/alternance, toujours en cours.
 
Ana Paula Penchaszadeh est titulaire d’une Licence en Sciences Politiques de l’Université de Buenos Aires (UBA), une Maîtrise en Sociologie et Sciences Politiques de la Faculté Latino-américaine des Sciences Sociales (FLACSO), un Doctorat en Sciences Sociales de l’UBA et un Doctorat en Philosophie de l’Université Paris 8. Elle travaille comme chercheuse au Conseil National de la Recherche Scientifique et Technologique (CONICET) au sein du Laboratoire d’Etudes sur les Migrations de l’Ecole Interdisciplinaire de Hautes Etudes Sociales de l’Université Nationale de San Martín (EIDAES-UNSAM) et, aussi, comme professeur de premier et deuxième cycle à l’UBA (Argentine). Elle aborde les questions liées aux étrangers, à l’hospitalité et à la migration d’un point de vue politique, pratique et théorique.
 

 
Le séminaire Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe
 
 Table ronde
Solidarité et bioéthique
 
Avec
Irene Franco (Université de Gérone)
Angel Puyol (Université Autonome de Barcelona)
et Jordi Riba (Université Autonome de Barcelone-LLCP, Paris 8)
 
Répondants
Guillaume Le Blanc (Université Paris Cité)
et Jean-Paul Thomas (Université Paris-Sorbonne)
 
Mardi 2 avril 2024, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine

217 Bd Saint Germain, Paris 7e
Métro Solférino
 

Lien ZOOM pour suivre la séance à distance :
https://u-picardie-fr.zoom.us/j/97164825161
 
La solidarité fait partie de la carte des valeurs et des principes éthiques européens. Un exemple est sa présence dans le discours éthique et politique pendant la récente pandémie mondiale de COVID-19. La solidarité a été à l’origine de la justification de mesures de santé publique telles que le confinement, les quarantaines, la fermeture des espaces publics et privés, l’utilisation obligatoire de masques, ainsi que le financement et l’accès aux vaccins contre le virus ; elle a également été utilisé pour justifier les compensations économiques, les sacrifices intergénérationnels, l’importance de la santé publique et l’aide mutuelle entre citoyens, institutions et pays pour faire face aux pires effets de la pandémie. Cependant, la solidarité a été utilisée de manière interchangeable comme une idée descriptive et normative, de motivation et de justification, sentimentale et politique, morale et juridique, augmentant ainsi la confusion quant à sa signification, son utilisation et sa finalité. Ce séminaire réfléchira sur l’usage rhétorique de la solidarité et les contradictions qui en découlent, et mettra en lumière l’usage normatif et juste que devrait avoir la solidarité pour faire face aux défis présents et futurs de santé publique.
 
Irene Gómez Franco est professeure de philosophie morale à l’Université de Gérone, professeure collaboratrice à l’Université Ouverte de Catalogne et chercheuse invité à l’Institut de Philosophie du Conseil National de la Recherche Espagnole (CSIC). Ses recherches portent sur les théories de la justice intergénérationnelle, la bioéthique, l’approche par les capacités, l’éthique du climat et la pensée féministe. Elle est l’auteure, entre autres, de l’ouvrage Dettes impayées. Justice entre les générations (CSIC-Plaza y Valdés editores, 2020).
 
Angel Puyol est professeur d’éthique à l’UAB. Son principal domaine de recherche est le principe de solidarité et de fraternité en éthique et en philosophie politique. Récemment, il a publié Political Fraternity. Democracy beyond Freedom and Equality (New York : Routledge, 2019), et a édité avec J. Riba et P. Vermeren, Un nouveau regard sur la solidarité ? (Paris : L’Harmattan, 2020). Actuellement, il dirige un projet national sur la solidarité et la santé publique.
 
Jordi Riba est professeur de philosophie morale et politique à l’Université Autonome de Barcelona et chercheur associé au LLCP de l’Université Paris 8. Ses recherches portent sur les rapports à la démocratie de la santé publique. Récemment, il a publié Crisis Permanente (Barcelona : NED, 2021) et a édité avec A. Puyol et P. Vermeren, Un nouveau regard sur la solidarité ? (Paris : L’Harmattan, 2020).
 

 
 Le séminaire Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe
 
Table ronde avec
 
Rada Ivekovic (Autrice)
Pablo Méndez (Académie des Beaux-Arts)
Mara Montanaro (Collège international de Philosophie)
Agostina Weler (Universités de Buenos Aires et de Paris 8)
 
Philosophies de la traduction :
sous le signe du politique
 
Mardi 5 mars 2024, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine
217 Bd Saint Germain, Paris 7e
Métro Solférino
 
 
Lien ZOOM pour suivre la séance à distance :
 
Le discours interdit ce qu’il ne saurait dire, mais la traduction peut contribuer à ouvrir un nouveau champ de compréhension et à éviter la violence, quoique - sans garantie. C’est pour cela qu’une politique de la traduction est nécessaire, ce qui explique pourquoi la traduction précède la langue, et pas l’inverse. La nature complexe et plurielle de la traduction invite à une réflexion tout autant multiple, et est un point de départ aux intervenants qui chercheront à la saisir depuis divers angles, de la philosophie politique contemporaine à l’esthétique, dans le but de mieux identifier les défis de la coexistence à échelle humaine et planétaire.
 
Rada Ivekovic est philosophe et indianiste, autrice de livres et d’essais en plusieurs langues, s’intéressant aux politiques de la philosophie, notamment Politiques de la traduction. Exercices de partage (2019, en ligne ici : http://www.reseau-terra.eu/article1426.html).
 
Pablo Méndez est un artiste, chercheur, curateur, enseignant, conférencier et traducteur argentin. Son travail artistique l’a conduit à devenir résident de l’Académie des Beaux-Arts à la Cité Internationale des Arts (Paris) pour la période 2023-2024. Il a notamment traduit le livre de Vinciane Despret, Au Bonheur des Morts. Récits de ceux qui restent, ainsi que de nombreux articles dans le domaine des humanités environnementales. Il conçoit la pratique artistique comme une de traduction des phénoménologies et de configurations des mondes en expériences sensibles pour les spectateur.rices.
 
Mara Montanaro est philosophe et curator. Elle est aussi directrice de programme au Collège international de philosophie et est notamment l’autrice de Françoise Collin. L’insurrection permanente d’une pensée discontinue (Rennes, PUR, 2016) et de Théories féministes voyageuses. Internationalisme et coalitions depuis les luttes latino-américaines, Montréal/Paris, Éditions de la rue Dorion, Éditions Divergences, 2023.
 
Agostina Weler est traductrice et doctorante en Philosophie à l’Université Paris 8 (Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie) et en Sciences sociales à l’Université de Buenos Aires. Elle est membre de l’équipe de recherche « La dialectique de la modernité chez Walter Benjamin : entre le mythe et la puissance critique d’une nouvelle Illustration » (Instituto Gino Germani). Ses recherches portent sur la philosophie de la traduction au XXe siècle, notamment autour de la notion d’intraduisible et ses effets dans la pensée critique contemporaine.
 

 
Séminaire Les Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe
 
Louise Ferté (Université de Lille)
et María Beatríz Greco (Universidad de Buenos Aires)
Déplacements de la philosophie : un dialogue avec l’éducation, une « discipline de formation » ?
 
En dialogue avec 
Sameh Dellaï (Sorbonne Université / INSPÉ de Paris)
et Guadalupe Deza (Université de Picardie)
 
Mardi 6 février 2024, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine

217 Bd Saint Germain, Paris 7e
Métro Solférino
 

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Comment expliquer la présence historique de la philosophie en France et en Argentine au sein de la formation professionnelle des enseignant.e.s de l’ordre primaire ? Celle-ci s’oppose à une certaine conception de la philosophie comme une discipline élitiste et abstraite, destinée à former des élèves de fin d’études secondaires aux études supérieures (voire à la vie adulte). N’aurait-on pas besoin d’être philosophe pour enseigner, pour reprendre le titre d’un article d’un collectif d’instituteurs.rices (1981) ? Aujourd’hui, au sein des deux pays, la philosophie éclaire la pratique éducative des enseignant.e.s et les problématiques qui se nouent dans le processus de transmission : le rapport au savoir, les transformations subjectives à l’œuvre au sein d’une salle de classe, l’institutionnalisation de la transmission, etc.
C’est de cette présence philosophique dans la formation, de l’intérêt philosophique pour l’institution scolaire depuis le XIXe siècle en France et en Argentine, que serait née la philosophie de l’éducation. Dans quelle mesure celle-ci représente-t-elle un déplacement disciplinaire de la « philosophie » ? D’un côté, pour saisir théoriquement « l’éducation », elle noue un dialogue avec d’autres sciences humaines et sociales, sur le plan épistémologique, éthique, voire politique. En s’inscrivant dans la formation des enseignant.e.s, elle s’inscrit dans une certaine perspective interdisciplinaire pour aborder notamment les problématiques pédagogiques. D’un autre côté, la manière dont l’école primaire s’est saisie depuis les années 1970 de la philosophie comme discipline d’enseignement à destination des enfants (ce qui a d’ailleurs réactivé un débat sur l’âge et les capacités intellectuelles nécessaires à l’accès à la discipline) modifie les représentations didactiques de la philosophie.
 
Louise Ferté (Université de Lille) est enseignante-chercheure en philosophie au sein de l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPÉ) de l’Académie de Lille, rattachée au laboratoire STL (UMR 8163).

María Beatríz Greco (Université de Buenos Aires) est enseignante-chercheure en philosophie, psychologie et éducation au sein de l’Institut de Recherche en Sciences de l’éducation de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Buenos Aires.
 

 
Le séminaire Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe
 
Présentation du livre de
Ricardo Espinoza Lolas (Pontificia Universidad Católica de Valparaíso, Chili)
Nous(autres), monstres… Libérons Sade (L’Harmattan, 2023)
Pourquoi une nouvelle clinique et une nouvelle philosophie pour notre époque queer ?
(conférence en espagnol)
 
En dialogue avec
Stéphane Douailler (Université Paris 8)
et Baptiste Gillier (CESPRA/EHESS – Académie de Paris)
 
Mardi 16 janvier 2024, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine

217 Bd Saint Germain, Paris 7e
Métro Solférino
 
 
Lien ZOOM pour suivre la séance à distance :
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La réponse à cette question se trouve dans les huit chapitres qui composent ce livre et dans l’épilogue de l’éminent psychanalyste queer Jorge Nico Reitter, auteur d’Œdipe Gay. A partir de perspectives distinctes, nous signalons ce nouvel humain qui émerge aujourd’hui – mais qui a été en quelque sorte présent tout au long de l’histoire – et se déploie sans cesse, car on ne peut l’enfermer dans aucun labyrinthe et cette subjectivité est venue pour rester. Et cet humain – que nous pourrions qualifier simplement de « queer » – a besoin d’une théorie philosophique qui soit à la hauteur pour réfléchir à ce réel qui nous constitue les uns les autres au milieu des choses ; et, en même temps, pour une clinique qui puisse accompagner et, en cela, guérir la douleur qui, en ces temps de capitalisme brutal, ne nous laisse pas vivre, et nous plonge dans la dépression et dans l’immédiateté accélérée des logiques mêmes du capital.
La figure fondamentale du Marquis de Sade qui survole cet ouvrage nous permet de repenser l’humain au-delà des déterminations vides et rances, qui aujourd’hui ne font que le masquer et tentent de le classer pour le dominer dans la machine même du capital, et de ses expressions collatérales, comme le colonialisme et le patriarcat. Sade va et vient dans cet ouvrage ; en lui la « redoutée et maudite » perversion pour les psychanalystes est mise à jour et brise de l’intérieur la psychanalyse depuis ses origines ; elle nous fait voir l’importance de Klein, de Winnicott, du second Lacan (celui du réel) et, en même temps, exige de la philosophie qu’elle réfléchisse, dans notre histoire matérielle, à la liberté même qui nous constitue, même si cela est douloureux et angoissant pour l’homme. Mais ce n’est que du libre que le réel se manifeste dans ce qu’il est, c’est-à-dire sa contingence radicale, sa finitude et son absurdité. Et ainsi, avec la liberté, nous pouvons prendre en charge de manière plus radicale ce que nous sommes en tant qu’humains, ce que nous devons être en tant que tels, et la manière dont nous pourrions nous articuler socialement et politiquement.
Sade devient celui qui nous permet d’expliciter les logiques qui opèrent dans la psychanalyse et la philosophie (également dans le féminisme de l’identité et de l’essence) et, par conséquent, celui qui peut nous conduire au plus profond de ce que nous sommes sur le plan historique et matériel : de Dionysos aux actuels Žižek, Butler et Preciado, en passant par les géants Hegel et Nietzsche, en dialogue profond avec Freud et Lacan, sans oublier Klein et Winnicott et leur virage clinique (à savoir, d’une clinique de névrose de l’establishment chez Freud, à une clinique de la psychose chez Winnicott). Ce que je propose enfin, c’est que la propre clinique devienne plus radicale, c’est-à-dire une clinique des « monstres », des différentiels, des « pervers », des « queers » pour les temps présents. Chaque chapitre de ce livre interroge le passage du « monstre » antique au « pervers » de la psychanalyse classique, puis au « queer » du féminisme d’Anzaldúa, de Butler et d’autres féministes, au travers du théâtre de Sarah Kane, des thèmes de Bowie, des gravures de Goya, des tragédies de Sophocle, des livres de Sacher-Masoch, des films de Buñuel, Wenders et Haneke, des textes de Shelley, Artaud et Büchner, et des poèmes de Hölderlin, de la musique de Ligeti, de la psychanalyse de Winnicott de Margaret Liddell, la philologie de Walter Otto, l’analyse de l’École slovène, des nuances interprétatives de Deleuze, de la sexologie de Ian Bloch, etc. Ainsi, à partir de ces supports, nous signalons ce queer que nous sommes et que l’on ne peut catégoriser, car ce serait cesser de penser et d’expérimenter notre propre contingence.
Ce livre, en définitive, est une invitation à repenser ce que nous sommes en dialogue critique avec la psychanalyse, la théorie critique, le féminisme, la philosophie et l’esthétique contemporaine. Il s’agit de construire une clinique pour notre temps pour apaiser la douleur de chacun d’entre nous et pour pouvoir ainsi montrer une théorie de la réalité de l’humain, de la politique et de la manière dont nous pouvons nous aimer, les uns les autres, à une époque caractérisée par tant de stupidité capitaliste, qui nous perd et confond parfois dans le labyrinthe de nous-mêmes et de nos peurs les plus animales.
 
¿Por qué una nueva clínica y una nueva filosofía para nuestros tiempos de queers ?
La respuesta a esta pregunta se encuentra en estos ocho capítulos que Uds. leerán a continuación y en el epílogo del destacado psicoanalista queer Jorge Nico Reitter, el autor de
Edipo Gay. Y cada uno de ellos muestra, desde una perspectiva determinada, este nuevo humano que emerge en estos tiempos, pero que siempre ha estado de alguna manera presente a lo largo de la historia ; y que hoy ya no se detendrá en su despliegue, porque no se le puede encarcelar en laberinto alguno, ya que esta subjetividad llegó para quedarse. Y este humano, que podríamos llamar simplemente “queer”, necesita una teoría filosófica que esté a su altura para reflexionar por eso real que nos constituye unos a Otros en medio de las cosas ; y, a la vez, por una clínica que pueda acompañar y, en ello, curar el dolor que en estos tiempos de capitalismo brutal no nos deja vivir y nos hunde en la depresión y en el inmediatismo acelerado de las propias lógicas del capital.
Este libro va avanzando en sus capítulos de la mano del mítico Marqués de Sade, como un personaje fundamental de él, porque el Marqués nos permite repensar lo humano más allá de determinaciones vacías y rancias y que en la actualidad ya no dan más de sí, sino todo lo contrario, solamente encubren al humano y lo intentan clasificar para dominarlo en la maquinaria misma del capital y de sus expresiones colaterales como el colonialismo y el patriarcado. Sade siempre está presente en el libro, entrando y saliendo de él, y en ello la “temida y maldita” perversión para los psicoanalistas se actualiza de otro modo y rompe desde dentro al psicoanálisis desde sus inicios con Freud (y nos hace ver la importancia de Klein y Winnicott y, en especial, del segundo Lacan, el de lo real) ; y, a la vez, le exige a la filosofía que esté reflexionando, en nuestra historia material, en la libertad misma que nos constituye, aunque eso sea doloroso y cause pánico al humano, pero solamente desde lo libre es como lo real se muestra en lo que es, esto es, su radical contingencia, finitud y sin sentido alguno. Y así, con la libertad, nos podemos hacer cargo de modo más radical de lo que somos como humanos y de lo que debemos ser en cuanto tal y de cómo nos podríamos articular social y políticamente.
Sade funciona en el libro como un explicitador de las lógicas que operan en el psicoanálisis y en la filosofía (también en el feminismo de la identidad y de la esencia) ; y, por lo mismo, Sade es el que nos puede llevar a lo profundo de lo que somos a nivel histórico material : desde el viejo dios Diónysos a los actuales Žižek, Butler, Preciado pasando por los gigantes de Hegel y Nietzsche en diálogo profundo con Freud y Lacan, sin dejar de lado a Klein y Winnicott y su viraje en la clínica misma, a saber, desde una clínica de la neurosis del establishment de Freud a la clínica de la psicosis de Winnicott. Y lo que propongo es que la propia clínica debe transitar hoy a una más radical ; esto es, una clínica de “monstruos”, de diferenciales, de “perversos”, de los que transitan, de los que se mezclan, de “queers” para estos tiempos. Y para analizar esta clínica nueva y filosofía de cómo acontecemos como “monstruos” dicho desde la antigüedad o perversos desde el psicoanálisis clásico o queer con la terminología del feminismo de Anzaldúa, Butler y otras feministas, se muestra lo que somos radicalmente trabajando cada capítulo del libro con distintos soportes estéticos y pensantes : desde el teatro de Sarah Kane, las canciones de Bowie, los grabados de Goya, las tragedias de Sófocles, los libros de Sacher-Masoch, los films de Buñuel, Wenders y Haneke, los textos de Shelley, Artaud y Büchner, los poemas de Hölderlin, la música de Ligeti, el psicoanálisis de Winnicott de Margaret Liddell, la filología de Walter Otto, el análisis de lo humano de la Escuela eslovena, los matices interpretativos de Deleuze, la sexología de Ian Bloch, etc. Y así, con estos soportes, vamos indicando eso queer que somos y que no se puede categorizar nunca, porque sería dejar de pensar y experienciar nuestra propia contingencia, y, además, esto es así pues somos de suyo anterior a una determinación que nos clausura desde una totalidad epistemológica y ontológica.
Este libro, en definitiva, es una invitación a repensar lo que somos en diálogo crítico con el psicoanálisis, la teoría crítica, el feminismo, la filosofía y la estética contemporánea. Y así poder levantar una clínica para estos tiempos que de sosiego al dolor de cada uno de nosotros y con ello poder mostrar una teoría de lo real que de cuente de lo humano, de lo político y de cómo hoy podemos amarnos los unos a los otros en tiempos de tanta estupidez capitalista que a veces nos pierde en el laberinto de nosotros mismos y de nuestros miedos más animales.
 

Ricardo Espinoza Lolas est un écrivain, philosophe et théoricien critique chilien. Il est professeur d’histoire de la philosophie contemporaine à l’Université pontificale catholique de Valparaiso. Il est directeur de la collection « Rostros de la Filosofía iberoamericana y el Caribe » de la maison d’édition Herder. Il est associé au Center for Philosophy and Critical Thought. Goldsmiths. University of London. Il est l’auteur et co-éditeur de plusieurs livres dont : Realidad y tiempo en Zubiri (Comares, 2006), Realidad y ser en Zubiri (Comares, 2013), Hegel y las nuevas lógicas del Estado (Akal, 2016), Capitalismo y empresa. Hacia una Revolución del NosOtros (Pascal, 2018), NosOtros. Manual para disolver el Capitalismo (Morata, 2019), Ariadna. Una interpretación queer (Herder, 2023), Psychoanalysis for Intersectional Humanity. Sade Reloaded (Routledge, 2023), NosOtros. Manuale per dissolvere il capitalismo (Mimesis, 2023) y Nous(Autres) Monstres... Libérons Sade (L’Harmattan, 2023). Il a co-édité avec Juan Nicolás, Zubiri ante Heidegger (Herder, 2008), avec Oscar Barroso, Žižek Reloaded. Politiques du radical (Akal, 2018), avec Alberto Toscano et Joeduardo Fernández, Hegel aujourd’hui (Herder, 2020) ; et avec Jordi Riba, Aporías de la Democracia (Terra Ignota, 2019), L’espace politique de la migration (Terra Ignota, 2020), 33 concepts pour dissoudre les mesures politiques sanitaires dans la Pandémie (Terra Ignota, 2021) et Événement et pratiques émancipatrices (Bellaterra, 2023).
 

 
Les Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe

 
Júlio Canhada (Université de São Carlos, Brésil / LLCP Paris 8)
Le discours et l’histoire : la philosophie au Brésil au dix-neuvième siècle
 
En dialogue avec
Catherine König-Pralong (EHESS)
Alessandro di Lima Francisco (Université Estadual Paulista Sao Paulo / Ciph)
Pierre-François Moreau (ENS Lyon)
et Patrice Vermeren (Université Paris 8)
 
Mercredi 6 décembre 2023, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine

217 Bd Saint Germain, Paris 7e
Métro Solférino
 

Lien ZOOM pour suivre la séance à distance :
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Il s’agit de présenter et de discuter l’ouvrage Le discours et l’histoire : la philosophie au Brésil au dix-neuvième siècle (édition L’Harmattan). Voici des extraits des préfaces rédigées par Marilena Chaui et Patrice Vermeren :
« Y a-t-il une histoire de la philosophie au Brésil ? Ne faudrait-il pas démontrer, au préalable, qu’il y a de la philosophie au Brésil ? Telle est la question épineuse que se pose Júlio Canhada. Ses analyses révèlent que les œuvres philosophiques brésiliennes du dix-neuvième siècle ne sont pas une réception aveugle des idées européennes, mais des élaborations originales. Y a-t-il de la philosophie au Brésil ? Oui. Y a-t-il une histoire de la philosophie au Brésil ? Oui. » – De la Préface de Marilena Chaui
« Canhada nous fait découvrir comment les œuvres philosophiques qu’il exhume et dont il restitue l’architecture conceptuelle méconnue ou cachée, font la matière d’une interrogation sur la pratique et l’institution d’une philosophie de l’histoire de la philosophie au Brésil. Une interrogation qui pourrait bien avoir un effet en retour sur le regard porté sur la manière dont la production philosophique française du dix-neuvième siècle s’est elle même vue longtemps refuser toute dignité philosophique en Europe et particulièrement en France même. » – De la Préface de Patrice Vermeren
 
Júlio Canhada est docteur en Philosophie par l’Université de São Paulo - Brésil, sous la direction de Marilena Chaui. Il a publié l’ouvrage O discurso e a história : a filosofia no Brasil no século XIX (Loyola, 2020), récemment traduit en français chez L’Harmattan. Il a aussi publié des articles sur la philosophie brésilienne du XIXe siècle et son rapport à la philosophie française. Membre de l’équipe de recherche des Dialogues Philosophiques : rencontres philosophiques entre chercheurs de l’Amérique Latine et d’Europe. Il réalise actuellement un post-doctorat à l’Université de São Carlos - Brésil, avec un séjour de recherche à LLCP - Université Paris 8, financé par la Fapesp - Brésil.
 

 
Le séminaire Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe
 
Iván Domingues (Université Fédérale de Minas Gerais, Brésil)
Essais méta-philosophiques sur la philosophie brésilienne :
de la période coloniale à l’époque contemporaine - outils et résultats
 
En dialogue avec
Julio Canhada (Université de Sao Carlos / LLCP Paris 8),
Joana Desplat-Roger (Collège international de philosophie / HAR - Université Paris Nanterre),
Jacques Poulain (Université Paris 8),
et Patrice Vermeren (Université Paris 8)
 
Mardi 7 novembre 2023, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine

217 Bd Saint Germain, Paris 7e (Métro Solférino)
 

Lien ZOOM pour suivre la séance à distance :
https://u-picardie-fr.zoom.us/j/97164825161
 
Il s’agit de présenter mon ouvrage Philosophie au Brésil : Héritages et perspectives - essais métaphilosophiques, avec ses deux fondamentaux : l’histoire intellectuelle et la métaphilosophie, ayant le Brésil comme objet et la philosophie brésilienne comme problème, depuis la période coloniale à nos jours.
Pour ce faire, tout en mettant l’accent sur le ethos de la corporation intellectuelle des philosophes et professeurs de philosophie au sens de Max Weber pour bâtir leur type idéal, j’ai considéré cinq expériences intellectuelles qui ont caractérisé la praxis et la pensée philosophiques de cette vaste période :
1 - l’intellectuel organique de l’église ou le jésuite de la Colonie ;
2 - le bachelier dilettante « étrangeré » de l’après-indépendance ;
3 - le Scholar ou le spécialiste disciplinaire ;
4 - l’intellectuel public ;
5 - le penseur universel ou le philosophe cosmopolite globalisé.
 
Ivan Domingues est docteur en philosophie par l’Université de Paris I, sous la direction de J.-T. Desanti, professeur de l’Université Fédérale de Minas Gerais, Brésil, auteur de plusieurs ouvrages, tels que Le degré zéro de la connaissance : le problème de la fondation des sciences humaines (à l’origine la thèse de doctorat) ; Lévi-Strauss et les Amériques : l’analyse structurelle des mythes ; Le fil et la trame : réflexions sur le temps et l’histoire (traduction française : L’Harmattan) ; Foucault, l’archéologie et Les mots et les choses : 50 ans après ; et Philosophie au Brésil : Héritages et perspectives - essais métaphilosophiques.
 

 
Le séminaire Dialogues philosophiques
Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe
 
Alejandro Dagfal (Université de Buenos Aires)
L’arrivée de Lacan en Argentine. Psychanalyse, philosophie et politique
 
En dialogue avec
Diana Kamienny Boczkowski (psychiatre et analyste membre de l’Association Lacanienne Internationale),
Jean-Pierre Marcos (Université Paris 8 / membre affilié de la Société de Psychanalyse Freudienne)
 et Guadalupe Deza (Université de Picardie)
 
Mardi 3 octobre 2023, 19h-20h30
Maison de l’Amérique latine
217 Bd Saint Germain, Paris 7e (Métro Solférino)
 
 
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 De nos jours, dans le monde hispanophone, la psychanalyse lacanienne a une place de privilège, susceptible de provoquer l’étonnement des profanes. Dans les grandes villes de l’Argentine, notamment, Lacan est peut-être plus vivant qu’à Paris, aussi bien dans les cabinets que dans les médias, autant dans la formation des psychologues que dans les sciences sociales. Or, ce paysage, souvent naturalisé, où le lacanisme fait figure de discours hégémonique, est le résultat d’un processus historique d’un demi-siècle, où la psychanalyse lacanienne s’est d’abord implantée à Buenos Aires, dans les années soixante et puis à d’autres villes, avant d’arriver en Espagne, dans les années soixante dix. Dans ce processus de réception, Oscar Masotta joue un rôle clé en tant que diffuseur et organisateur. Ce personnage complexe illustre bien la démédicalisation d’une psychanalyse qui trouve sa voie dans un champ intellectuel tiraillé entre l’existentialisme, le structuralisme et les diverses formes du marxisme. En effet, Masotta n’était pas médecin mais philosophe, et il est arrivé à Freud et à Lacan afin d’être cohérent avec sa vision du marxisme, d’abord façonnée par Sartre et puis par Althusser. Dans cet exposé je compte m’arrêter sur cette spécificité du mouvement lacanien, qui se greffe dans la société et dans la culture bien avant de constituer un champ clinique hyper-professionnalisé, traversé par un théoricisme qui se veut anhistorique et apolitique.
 
Alejandro Dagfal est psychologue (Université Nationale de La Plata) et docteur en histoire (Paris-Diderot). Chercheur indépendant au CONICET (Argentine), il enseigne l’Histoire de la Psychologie à l’Université de Buenos Aires. Auteur de nombreux travaux sur l’histoire « psy » au XXe siècle, il a été conférencier en France, Espagne, Angleterre, Italie, États-Unis, Brésil, Colombie et Mexique. Son premier livre Entre París y Buenos Aires : la invención del psicólogo (Paidós, 2009) a reçu, en 2011, le Prix National du Ministère de la Culture argentin. Son deuxième livre a été publié en France : Psychanalyse et Psychologie. Paris-Londres-Buenos Aires (Campagne Première, 2011). Depuis 2017 il est le directeur honoraire du Centre Argentin d’Histoire « Psy » (Bibliothèque Nationale), dont il a été le fondateur. Il travaille à présent sur un livre d’entretiens avec des psychanalystes français : L’Univers Lacan. Expériences et héritages (1964-1984).
 

 
L’équipe du séminaire des Dialogues Philosophiques
 
Direction scientifique : Stéphane Douailler, Éric Lecerf, Georges Navet (†), Bertrand Ogilvie, Patrick Vauday et Patrice Vermeren (Université Paris 8) ; Marie Cuillerai, Martine Leibovici (Université Paris 7), Nelson Vallejo-Gomez (FMSH) ; Jean-René Garcia (Université paris 13) ; Louise Ferté (Université de Lille) et Guadalupe Deza (Université de Picardie).
 
Équipe de Recherche : Julie Alfonsi (Université Paris 7), Daniel Alvaro (UBA), Gisele Amaya Dal Bó (Université Paris 13), Marie Bardet (Université nationale de San Martin), Andrea Benvenuto (EHESS), Mercedes Betria (Universidad de Rosario), Laura Brondino (Université de Lille), Jean-Jacques Cadet (LADIREP), Gustavo Celedon (Universidad de Valparaiso), Filipe Ceppas (UFRJ, Rio de Janeiro), Gustavo Chataignier Gadelha (PUC-Rio de Janeiro), Carlos Contreras (Universidades de Chile y de Valparaiso), Guadalupe Deza (Université de Picardie), Elena Donato (UBA), Maria Soledad Garcia (Universidad Nacional de Colombia), Obed Frausto Gattica (Ball University), Claudia Guitérrez (Universidad de Chile), Camille Louis (Kom-Post), Luz Maria Lozano Suarez (Universidad del Atlantico, Barranquilla), Martin Macias (Université Paris 8-UDELAR, Montevideo), Julio Miranda Canhada (Universidade de Sao Paulo), Angélica Montes (ESSEC/LLCP-Université Paris 8), Carlos Pérez López (Institut universitaire italien de Rosario et Institut Gino Germani /UBA), Soledad Nivoli (Universidad de Rosario), Senda Inés Sferco (CONICET, IIGG-UBA), Pauline Vermeren (Université Paris 7), Aurélie Veyron-Churlet (Terra), Agostina Weler (Université Paris 8).
 

 
Maison de l’Amérique Latine
https://www.mal217.org