DONOSO GÓMEZ Mario 11.02.2022
UNIVERSITÉ PARIS 8
2, rue de la Liberté
93526 SAINT-DENIS cedex 02
AVIS DE SOUTENANCE DE DOCTORAT
(Arrêté ministériel du 25 Mai 2016)
Ecole doctorale « Pratiques et théories du sens »
Discipline : Philosophie
Monsieur Mario DONOSO GÓMEZ
Titre de la thèse :
Spinoza et le problème de l’altérité
Directeur de recherche :
Monsieur Charles RAMOND
Membres du jury :
Monsieur Yves CITTON, Professeur des Universités, Littérature et Media, Département de Littératures française et francophones, Université Paris 8 Vincennes-Saint Denis / EA 7322 Littérature Histoires Esthétique
Monsieur Charles RAMOND, Professeur des Universités, Université Paris 8, Département de Philosophie / EA 4008 LLCP
Monsieur Ulysses PINHEIRO, (par zoom) Professeur à l’UFRJ (Universidade Federal do Rio de Janeiro), Rio de Janeiro, Brésil
Monsieur Pascal SÉVÉRAC, Professeur des Universités, UPEC (Université Paris-Est-Créteil Val-de-Marne), INSPE de l’Académie de Créteil / EA 4395 LIS
Madame María Cecilia ABDO FEREZ, (par zoom), Profesora Titular Regular de Filosofía, Universidad Nacional de las Artes, Buenos Aires, Argentine
Date prévue :
Le vendredi 11 février 2021 à 14h
Lieu :
Sis Université Paris 8
Salle A2 217 - Maison de la Recherche
Résumé :
Certains courants philosophiques de la fin du XXème siècle ont vu dans le spinozisme une disparition de l’altérité, voir un « altéricide ». Deleuze, par exemple, associe ce qu’il appelle « l’autruicide » au spinozisme ; d’autres comme Levinas, Benny Levy ou Jean-Luc Marion, d’une manière ou d’une autre, associent la philosophie de Spinoza à l’absence de la place d’autrui ou à sa disparition. Y-a-t-il réellement une dénégation de l’altérité dans la philosophie de Spinoza ?
La figure d’autrui n’est pas absente de la philosophie de Spinoza ; au contraire, elle articule les processus éthiques, politiques et religieux. Dans le processus éthique, autrui est une figuré clé pour penser les notions communes ; de même dans la politique, où l’union qui donne lieu à un corps politique passe forcément par la figure d’autrui. En ce qui concerne la religion spinoziste, elle peut être résumée par la formule biblique qui ordonne d’aimer autrui comme soi-même.
Chez Spinoza, la figure d’autrui ne peut être séparée du concept de similitude. Apparu à propos de l’imitation, autrui est défini comme « chose semblable à nous ». Or que veut dire « semblable » ? Il y a chez les commentateurs un vif débat entre deux conceptions opposées : d’une part ceux qui considèrent la similitude comme naturelle, liée à la nature humaine, et d’autre part ceux qui considèrent que la similitude est imaginaire. Chaque lecture de la similitude comporte une conception différente de l’altérité : les frontières de l’altérité sont-elles fixes, comme celles de la nature, ou mobiles, poreuses, aléatoires même, comme les mécanismes de l’imaginaire ? La question n’est pas tranchée par Spinoza, qui semble affirmer les deux thèses opposées, l’une dans Éthique III 27, l’autre dans Éthique III 27 démonstration.
Derrière les catégories de « nature » et « imagination », la question de l’altérité laisse voir d’autres enjeux. La ressemblance d’autrui est-elle donnée, déduite donc d’une nature humaine fixée et bien délimitée, ou est-elle produite par des mécanismes de nature diverse, comme les mécanismes imaginaires, la projection ou l’identification, mais aussi par des pratiques collectives s’ouvrant sur une conception performative de la similitude, une ressemblance en devenir ? Il existe donc une tension entre deux conceptions : d’une part une conception que nous appelons « constative » selon laquelle la similitude est donnée dans le cadre de la nature humaine ; d’autre part, une conception performative considérant que les dynamiques de transformation dépendent non seulement de l’imaginaire mais aussi d’une nature prête au changement qui nous permet de parler de « devenir autre ». Tout en soulignant ces deux dimensions, le propos de cette thèse est d’analyser le rapport à l’altérité comme une tension entre ces deux positions, tension qui, sans pouvoir être résolue, articule de manière problématique toute la philosophie spinoziste.