HEROLD PAUL Jean 29.11.2019

UNIVERSITE PARIS 8 / ED 031 – LLCP 4008
 
 
SOUTENANCE DE THESE DE M. JEAN HEROLD PAUL
 

« La philosophie kantienne de la connaissance :
le transcendantalisme critique à la limite »

 

Sous la direction de M. Jacques Poulain, Professeur émérite

 

Date : le 29 novembre 2019 à 16 h
Lieu : Bâtiment B, Salle B 313

 

Membres du jury

Mme Mai LEQUAN, Professeur des Universités, Université Lyon 3, rapporteur

M. Dominique PRADELLE, Professeur des Universités, Université Paris IV, rapporteur

M. Claude PICHE, Professeur honoraire, Université de Montréal, membre du jury

M. Bruno CANY, Professeur des Universités, Université Paris 8, membre du jury

M. Jacques POULAIN, Professeur émérite, Université Paris 8, directeur de thèse

 

Résumé :

L’objectif de ces recherches est d’esquisser une compre ?hension au « pre ?sent » de la philosophie kantienne de la connaissance a ? la « limite » de l’e ?piste ?mologie poppe ?rienne. Loin de comparer simplement Kant a ? Popper, nous entendons par « limite » le fait que ce dernier peut constituer, dans sa proximite ? avec Thomas Kuhn, une sorte de pont permettant de saisir le clivage historique-analytique et la transformation pragmatique de la philosophie. A cet e ?gard, comprendre Kant au « pre ?sent » suppose que nous projetions un regard critique sur les trois crises qui semblaient s’attaquer au fondement me ?me de la Re ?volution copernicienne : celle de la ge ?ome ?trie euclidienne, celle de la physique newtonienne et celle de la logique d’ascendance aristote ?licienne.

Dans la deuxie ?me partie de cette e ?tude, nous avons proce ?de ? a ? une ve ?ritable analytique des deux premie ?res crises en montrant, par contraste, comment s’e ?taient constitue ?s les concepts de champ de Maxwell et d’espace n- dimensionnel de Riemann qui allaient s’imposer dans les the ?ories de la Relativite ? d’Einstein comme les nouveaux sche ?mes de compre ?hension de la nature : si les nouveaux concepts d’espace-temps et de gravitation servaient a ? tisser une relation ine ?dite entre the ?orie et expe ?rience qui semblait amener loin de l’Esthe ?tique et de l’Analytique transcendantales, ce sont en revanche les concepts re ?volutionnaires de la physique quantique qui, en rendant caducs le de ?terminisme et le re ?alisme classiques, auraient sonne ? le glas de la Logique transcendantale.

Un tel diagnostic est analyse ?, dans la troisie ?me partie, a ? partir d’une de ?marche symptomale qui remonte a ? « l’espace-temps » me ?me d’interrogation du criticisme quant a ? sa signification fondamentale : e ?piste ?mologie ou me ?taphysique ? Loin de s’enliser dans un de ?bat qui apparai ?t pe ?rime ?, il s’est impose ? au contraire de lire le De ?bat de Davos (1929), qui opposait M. Heidegger a ? E. Cassirer, a ? la lumie ?re du Manifeste du Cercle de Vienne (co- e ?crit a ? quelques mois d’intervalle par R. Carnap, H. Hahn et O. Neurath) pour de ?terminer, dans toute son e ?paisseur temporelle, un Kant au « pre ?sent ». Pour cela, il nous fallait, dans la premie ?re partie, de ?finir de fac ?on exhaustive la the ?orie kantienne de la science dans son « universalite ? historique » : si Kant est certes un « philosophe newtonien », il importe ne ?anmoins de ne pas confondre la conception de l’espace et du temps intuitifs, subjectifs, a priori et ide ?aux a ? celle de l’espace et du temps absolus, vrais et mathe ?matiques. Dans le sillage de J. Vuillemin et de B. Rousset, nous avons e ?tabli comment le Sche ?matisme et l’Architectonique constituent deux mouvements solidaires qui de ?finissent un concept « phe ?nome ?nologique » de connaissance physique selon que l’espace et le temps s’ave ?rent constitutifs de la ve ?rite ? transcendantale, et dans cette phe ?nome ?nologie, fide ?le aux Postulats de la pense ?e empirique en ge ?ne ?ral relatifs a ? la modalite ? du jugement, relativite ? et absoluite ? spatiales sont « distribue ?es » suivant l’articulation architectonique des diffe ?rentes sciences physiques. S’y atteste in fine l’ide ?e d’« e ?piste ?mologie ge ?ne ?tique » (expression propose ?e par P. Huneman et que les e ?tudes de M. Lequan et de C. Piche ? permettent de mieux appre ?hender) qui ne se de ?part gue ?re de l’hypothe ?se cosmologique en de ?pit de la re ?cusation de la cosmologie rationnelle.

Cela compris, nous nous sommes rendu compte, dans la troisie ?me partie, que l’enjeu de notre enque ?te n’est pas seulement l’ade ?quation des philosophe ?mes kantiens aux the ?ories cosmo-physiques modernes mais aussi le « destin » me ?me de l’e ?piste ?mologie issue du positivisme logique dont la marque de fabrique est le rejet bolzanien et wittgensteinien des « jugements synthe ?tiques a priori ». Dans cette perspective, force est de remarquer qu’en de ?pit des efforts du philosophe des formes symboliques, le mouvement du « Zuru ?ck zu Kant » semble rejoindre finalement le positivisme logique en amenant a ? une me ?me impasse bien de ?crite par J. Poulain : la neutralisation du jugement de ve ?rite ?, impasse accentue ?e par la pre ?tention historiciste-dynamique qui, en mobilisant des sche ?mes peirciens et heidegge ?riens, conduit au relativisme et au scepticisme.

Par conse ?quent, comprendre Kant au « pre ?sent » revient a ? montrer comment il permet de « redynamiser » le jugement de ve ?rite ?. Nous n’avons pas cherche ? a ? de ?celer d’e ?ventuels invariants kantiens dans les e ?piste ?mologies modernes. Au contraire, ce comprendre Kant au pre ?sent est saisi dans la re ?fe ?rence a ? Kant non par la manie ?re dont la philosophie se rapporte a ? son passe ?, mais par la ne ?cessite ? pour celle-ci de se constituer dans sa de ?termination spe ?cifiquement contemporaine.

Notions cle ?s : espace, temps, mouvement, the ?orie, expe ?rience, analytique, synthe ?tique, me ?taphysique, transcendantal, me ?thode, logique, historique, jugement, connaissance, science, objectivite ?, ve ?rite ?.