Nicolas ALVARADO CASTILLO 23.03.2017

UNIVERSITÉ PARIS 8
2, rue de la Liberté
93526 SAINT-DENIS cedex 02

AVIS DE SOUTENANCE DE DOCTORAT
(Arrêté ministériel du 25 Mai 2016)
Ecole doctorale « Pratiques et théories du sens »
Discipline : Philosophie

Nicolas ALVARADO CASTILLO

Titre de la thèse :
LES VARIATIONS DE LA LIGNE PARFAITE :
ENQUÊTE PHILOSOPHIQUE SUR L’IDÉE DE VERS CHEZ MALLARMÉ

 

Directrice de recherche :
Madame Antonia BIRNBAUM (Professeure, Université Paris 8)

Membres du jury :
Madame Tiphaine SAMOYAULT (Université Paris 3)
Monsieur Philippe SABOT (Université Lille 3)
Monsieur Bertrand OGILVIE (Université Paris 8)
Monsieur Alain BADIOU (ENS Paris)

Date prévue : 
Mercredi 22 mars 2017 à 15h

Lieu : 
Sis Université Paris 8
Salle D 011

Résumé :
Le vers, en tant que forme de présentation du fait poétique, a été régulièrement relégué de la discussion sur le rapport entre la philosophie et la poésie. Le rôle mineur qu’on lui fait jouer, qui le range dans la série de caractéristiques secondaires du poème, est aussi traditionnel que la Poétique d’Aristote et aussi contemporain que les lectures heideggériennes sur la poésie. Or, sans prétendre réduire la poésie au vers, cette thèse se propose de construire une idée de cet opérateur poétique qui le rend susceptible de devenir objet de questionnement philosophique. Et elle avance l’hypothèse qu’une telle reconstruction peut modifier sensiblement le rapport entre la pratique poétique et la pensée philosophique. Cela nous a conduit, au travers d’une étude de Stéphane Mallarmé, à une analyse de la crise du vers régulier de la poésie française à la fin du XIX siècle, crise qui révèle la nature contingente et historique du dispositif technique du vers, la variabilité inhérente de la littérature – système collectif de jugement sensible – et de ses modèles. Pour que cette historicité des formes poétiques soit fidèlement présentée, il faut la délier des explications qui, à l’instar de concepts comme le génie, résorbent le changement artistique ou l’avènement d’une nouveauté poétique par l’itération d’une même nature exceptionnelle. La mise en avant de cette variation historique de la coupe poétique et de la notion de régularité qu’elle entraine n’est pas, toutefois, la défense d’un relativisme, culturel ou linguistique, qui réduirait l’art poétique à l’expression de certaines particularités contextuelles. La thèse affirme, au contraire, que l’autonomie variable du vers poétique manifeste une puissance de création spécifique, une expérience de pensée qui porte sur des objets d’une nature singulière. Et que l’acte poétique qui serait à la base de la définition mallarméenne du vers – acte simultanément de perception, d’analyse et de composition – révèle une notion de la vie du sujet et de son existence collective.

Summary :
Poetic verse has been regularly dismissed from the discussion about the relation between poetry and philosophy. The negligible role that it allegedly plays, which assimilates it to the set of secondary characteristics of a poem, is as traditional as Aristotle’s Poetics and as contemporary as the heideggerian readings of poetry. Without pretending to reduce poetry to verse, this thesis aims at the construction of an idea of this poetic operator that will allow it to become the object of philosophical inquiry. And it advances the hypothesis that such a reconstruction may transform the relation between poetic practice and philosophical thought. This study leads us, through an investigation of Stéphane Mallarmé, to undertake an analysis of the crisis of regular (e.g. metrical) verse at the end of the XIXth century, which reveals the contingent and historical nature of this technical device and the inherent variability of literature –which is taken to be a collective system of sensible judgement– and of its models. In order for this historicity of poetic forms to be accurately presented, it was necessary to challenge the type of explications that diminish artistic transformations or the advent of poetic novelty by way of the iteration of a single and identical exceptional nature, such as the concept of genius. But such an emphasis on the historical variation of the poetic line and of the notion of regularity is not to be taken as a defense of a kind of cultural or linguistic relativism, which would reduce the poetic art to be the expression of contextual particularities. On the contrary, this work intends to show how the autonomous variability of poetic verse is a manifestation of a specific creative force, an experience of thought that bears on a singular kind of object. And that the poetic “act” that defines verse in Mallarmé’s thought –an act involving simultaneously a form of perception, of analysis and of composition– exposes a singular notion of subjectivity and of the collective existence of the subject.